STANFORD – Une sur quatre : C’est la proportion de femmes américaines qui envisagent de ralentir leur carrière ou de quitter la vie active à la suite du Covid-19. En seulement une année, la pandémie a contraint deux millions de femmes aux États-Unis à quitter leur travail, en conséquence de quoi l’on enregistre aujourd’hui l’écart le plus important dans l’emploi des femmes et des hommes depuis deux décennies.
Le Covid-19 pousse un grand nombre de femmes à quitter la vie active, alors même qu’il nous faut d’urgence promouvoir plus de femmes à des postes de direction dans tous les secteurs, notamment dans notre propre domaine, celui de la santé mondiale. Sans l’expertise des femmes, sans leurs talents de direction, sans leur vision particulière des situations, le chemin vers le retour à une vie normale pourrait être beaucoup plus long, et nous risquerions d’être moins bien préparés à la prochaine crise sanitaire, ne serait-ce qu’en raison des conséquences nettement genrées de la pandémie.
Et il est avéré que la présence de femmes aux postes clés favorise la prise de mesures en faveur de la qualité de vie des populations, qui reflètent les priorités des familles et des communautés marginalisées – c’est-à-dire des groupes les plus touchés par la pandémie. Dans le domaine de la santé publique mondiale, la voix des femmes est indispensable pour mener des actions volontaristes et globales dans des champs trop souvent ignorés alors que les décisions sont dans leur immense majorité prises par des hommes.
Lorsque les femmes ne sont pas consultées, les conséquences sont graves. Cette pandémie a engendré une hausse des violences domestiques et des interruptions ou des délais dans les services de soins de santé sexuelle et reproductive, laissant souvent des pouvoirs publics non préparés en difficulté pour réagir. Nous manquons depuis trop longtemps de données désagrégées par sexe, qui permettraient d’évaluer, par exemple, les conséquences sur les femmes enceintes tant de la contamination par le Covid-19 que de la vaccination, tous simplement parce que les chercheurs ne se penchent pas systématiquement sur ces questions. Tant que les femmes ne seront pas mieux représentées dans les processus de prise de décision, nous aurons des difficultés à traiter ces problèmes et d’autres.
L’occasion s’offre pourtant à nous, tandis que nous reconstruisons, après les ravages causés par la pandémie, d’adopter de nouvelles et de meilleures méthodes de travail, afin que les mères n’aient plus à choisir entre leur carrière et leurs responsabilités familiales – afin que les femmes puissent réussir et diriger. Dans la santé publique mondiale comme dans d’autres domaines, cela commence par l’identification et la levée des obstacles, par une demande aux instances décisionnaires de procéder sans délai aux changements nécessaires dans les politiques menées, les critères d’allocation des ressources et les modèles culturels.
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Pour commencer, nous devons mener des politiques au travail qui prennent réellement en compte la famille, au moyen de mesures comme l’assouplissement des emplois du temps, l’aide à la garde des enfants et les congés parentaux. Nous devons aussi en finir avec les préjugés sexistes qui entravent les femmes dans leur carrière, et en particulier avec les préventions infondées à l’encontre de la maternité, qui ont des conséquences néfastes sur l’embauche et la promotion.
Il nous faut en outre accepter que les difficultés liées à la pandémie n’ont pas touché toutes les femmes de la même façon. Aux États-Unis comme dans de nombreux autres pays, les femmes déjà confrontées à des obstacles supplémentaires – parce qu’elles sont noires, hispaniques ou parents isolés – ont porté sur leurs épaules une charge encore plus lourde. Nous devons plaider en faveur de mesures qui puissent corriger ce déséquilibre, mesures qui devraient notamment comprendre la garde d’enfants universelle, dont on sait qu’elle peut contribuer à combler les inégalités frappant les femmes marginalisées.
Les femmes ne devraient pas sacrifier leur santé, leur travail, ou leur accès à des postes de direction au prétexte d’assurer le mythique « équilibre entre le travail et la vie privée ». Nous avons besoin des meilleurs dirigeants que nous puissions rassembler – et de les puiser dans toute l’humanité plutôt que dans une seule moitié de celle-ci – pour améliorer nos résultats en santé publique et assurer le bien-être des populations du monde entier.
Des millions de femmes ont d’ores et déjà quitté la vie active en raison de la pandémie, et plus encore envisagent d’en faire autant. Si nous n’agissons pas dès aujourd’hui pour inverser la tendance, la fracture pourrait devenir irréversible. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre les personnes mêmes qui contribueront à nous montrer le chemin pour sortir de l’urgence sanitaire et à nous guider lorsque surgiront à nouveau des situations semblables.
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By trying to running the state like a private business, Elon Musk and other anti-government types are creating a mess that someone else will have to clean up. Governments and businesses serve vastly different purposes, answer to different constituencies, and operate on entirely different timelines.
explain why ongoing efforts to run the state like a business are doomed to fail.
US President Donald Trump says he wants to preserve the dollar's international role as a reserve and payment currency. If that's true, the history of pound sterling suggests he should be promoting financial stability, limiting the use of tariffs, and strengthening America's geopolitical alliances.
applies three lessons from prewar Britain that the Trump administration appears determined to ignore.
STANFORD – Une sur quatre : C’est la proportion de femmes américaines qui envisagent de ralentir leur carrière ou de quitter la vie active à la suite du Covid-19. En seulement une année, la pandémie a contraint deux millions de femmes aux États-Unis à quitter leur travail, en conséquence de quoi l’on enregistre aujourd’hui l’écart le plus important dans l’emploi des femmes et des hommes depuis deux décennies.
Les mères qui travaillent, dont plus de 40 % représentent la principale source de revenus familiale, ont été particulièrement touchées. Beaucoup ne parviennent pas, tout bonnement, à concilier leur carrière et des responsabilités familiales et domestiques devenues écrasantes. Cette évolution est aussi ressentie à l’échelle mondiale : partout, les pertes d’emplois ont été plus nombreuses en 2020 pour les femmes que pour les hommes, alors que les femmes consacrent en moyenne trente heures supplémentaires par semaine à l’éducation des enfants.
Le Covid-19 pousse un grand nombre de femmes à quitter la vie active, alors même qu’il nous faut d’urgence promouvoir plus de femmes à des postes de direction dans tous les secteurs, notamment dans notre propre domaine, celui de la santé mondiale. Sans l’expertise des femmes, sans leurs talents de direction, sans leur vision particulière des situations, le chemin vers le retour à une vie normale pourrait être beaucoup plus long, et nous risquerions d’être moins bien préparés à la prochaine crise sanitaire, ne serait-ce qu’en raison des conséquences nettement genrées de la pandémie.
Et il est avéré que la présence de femmes aux postes clés favorise la prise de mesures en faveur de la qualité de vie des populations, qui reflètent les priorités des familles et des communautés marginalisées – c’est-à-dire des groupes les plus touchés par la pandémie. Dans le domaine de la santé publique mondiale, la voix des femmes est indispensable pour mener des actions volontaristes et globales dans des champs trop souvent ignorés alors que les décisions sont dans leur immense majorité prises par des hommes.
Lorsque les femmes ne sont pas consultées, les conséquences sont graves. Cette pandémie a engendré une hausse des violences domestiques et des interruptions ou des délais dans les services de soins de santé sexuelle et reproductive, laissant souvent des pouvoirs publics non préparés en difficulté pour réagir. Nous manquons depuis trop longtemps de données désagrégées par sexe, qui permettraient d’évaluer, par exemple, les conséquences sur les femmes enceintes tant de la contamination par le Covid-19 que de la vaccination, tous simplement parce que les chercheurs ne se penchent pas systématiquement sur ces questions. Tant que les femmes ne seront pas mieux représentées dans les processus de prise de décision, nous aurons des difficultés à traiter ces problèmes et d’autres.
L’occasion s’offre pourtant à nous, tandis que nous reconstruisons, après les ravages causés par la pandémie, d’adopter de nouvelles et de meilleures méthodes de travail, afin que les mères n’aient plus à choisir entre leur carrière et leurs responsabilités familiales – afin que les femmes puissent réussir et diriger. Dans la santé publique mondiale comme dans d’autres domaines, cela commence par l’identification et la levée des obstacles, par une demande aux instances décisionnaires de procéder sans délai aux changements nécessaires dans les politiques menées, les critères d’allocation des ressources et les modèles culturels.
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Pour commencer, nous devons mener des politiques au travail qui prennent réellement en compte la famille, au moyen de mesures comme l’assouplissement des emplois du temps, l’aide à la garde des enfants et les congés parentaux. Nous devons aussi en finir avec les préjugés sexistes qui entravent les femmes dans leur carrière, et en particulier avec les préventions infondées à l’encontre de la maternité, qui ont des conséquences néfastes sur l’embauche et la promotion.
Il nous faut en outre accepter que les difficultés liées à la pandémie n’ont pas touché toutes les femmes de la même façon. Aux États-Unis comme dans de nombreux autres pays, les femmes déjà confrontées à des obstacles supplémentaires – parce qu’elles sont noires, hispaniques ou parents isolés – ont porté sur leurs épaules une charge encore plus lourde. Nous devons plaider en faveur de mesures qui puissent corriger ce déséquilibre, mesures qui devraient notamment comprendre la garde d’enfants universelle, dont on sait qu’elle peut contribuer à combler les inégalités frappant les femmes marginalisées.
Les femmes ne devraient pas sacrifier leur santé, leur travail, ou leur accès à des postes de direction au prétexte d’assurer le mythique « équilibre entre le travail et la vie privée ». Nous avons besoin des meilleurs dirigeants que nous puissions rassembler – et de les puiser dans toute l’humanité plutôt que dans une seule moitié de celle-ci – pour améliorer nos résultats en santé publique et assurer le bien-être des populations du monde entier.
Des millions de femmes ont d’ores et déjà quitté la vie active en raison de la pandémie, et plus encore envisagent d’en faire autant. Si nous n’agissons pas dès aujourd’hui pour inverser la tendance, la fracture pourrait devenir irréversible. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre les personnes mêmes qui contribueront à nous montrer le chemin pour sortir de l’urgence sanitaire et à nous guider lorsque surgiront à nouveau des situations semblables.
Traduit de l’anglais par François Boisivon