f23f5b035ceb201408576a00_pa1706c.jpg Paul Lachine

Le défi de la biodiversité

LONDRES – Si l’on en juge par l’ONU qui a déclaré cette année Année Internationale de la biodiversité et par la Convention sur la biodiversité qui se tient au Japon, il est clair que les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés sont graves et croissants, et qu’il est plus que jamais urgent d’agir.

Nos vies, comme celles des autres créatures de notre planète, font partie et dépendent de la biodiversité. En termes simples, la biodiversité est le tissu de notre existence, impliquant tous les organismes trouvés dans les différents habitats, des poissons des eaux profondes aux oiseaux des forêts tropicales, et tout ce qui se trouve entre les deux.

Les plantes et la diversité fongique sont les propres fondations de la biodiversité dont dépendent toutes les autres formes de vie. Les plantes absorbent le dioxyde de carbone et produisent de l’oxygène, nous fournissant ainsi l’air que nous respirons et contribuant à réguler le climat. Elles fournissent de la nourriture, des médicaments, de l’énergie, des abris, de l’eau potable et des sols fertiles. C’est grâce à la diversité des plantes que nous nous maintenons et, à l’avenir, c’est elle qui nous permettra de nous adapter, d’innover et en fin de compte, de survivre.

Et pourtant, en dépit de notre dépendance à cet incroyable héritage naturel pour nos vies et notre bien-être – et ceux des générations futures – nous le gaspillons à un rythme sans précédent. Notre génération est le témoin d’une perte massive de biodiversité. L’extinction des espèces s’effectue à un rythme supérieur à celui du cycle naturel, et cela est principalement dû à la destruction des habitats naturels entrainée par les activités humaines comme la déforestation et du défrichage des terres. Certains éléments suggèrent que le changement climatique accélèrera cette perte.

Un espoir éclaire ce sombre horizon. En fait, il n’existe pas de raison technique pour expliquer l’extinction d’une espèce, et de grandes choses sont faites pour la préservation de la biodiversité. Les scientifiques et les défenseurs des ressources naturelles partout dans le monde collaborent par exemple sur des projets comme le partenariat pour la Banque du Millénaire pour les graines et les semences, fondé et organisé par les Jardins Botaniques Royaux de Kew. Ce partenariat entre plus de 100 institutions dans plus de 50 pays est déjà parvenu à conserver 10% des espèces de plantes sauvages de la planète, et travaille à en conserver 25% supplémentaires, principalement des plantes rares, en danger et utiles.

Ce qu’il faut aujourd’hui est la volonté politique et les ressources financières pour soutenir ces efforts. La grande réunion de la Convention sur la biodiversité qui se tient à Nagoya au Japon du 18 au 29 octobre est une opportunité dans ce domaine et nous, à Kew, gardons l’espoir d’une issue positive en termes d’accords internationaux dans les domaines clé de la préservation de la biodiversité, de la viabilité de son accès et de son utilisation, et du partage des bénéfices.

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Dans le même temps, au niveau national, il est essentiel que la conservation de la biodiversité soit entièrement intégrée dans la politique gouvernementale et les pratiques de gestion durable partout dans le monde. La réduction de la pauvreté, l’un des points centraux des Objectifs de Développement du Millénaire de l’ONU, se mesure principalement en croissance du PIB, mais ces objectifs doivent aussi inclure la gestion durable du capital naturel dont dépend aussi la santé économique.

Nous ne devrions pas en effet oublier les infinis bénéfices spirituels et récréatifs que le monde naturel apporte aux personnes et aux cultures partout dans le monde. Voila une composante du bien-être humain qui ne peut se mesurer uniquement en PIB.

Il a été dit qu’une grande part de la biodiversité a été perdue du fait d’un manque de compréhension quand à sa réelle valeur. Deux initiatives majeures permettent de souligner la valeur de notre capital naturelamp#160;: l’étude soutenue par l’ONU et intitulée «amp#160;L’économie des écosystèmes et de la biodiversitéamp#160;» et le programme collaboratif des Nations Unies sur la réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD+). Une fois que la valeur des ressources naturelles sera comprise, plutôt que considérée comme acquise, comme s’il y avait une infinité de ressources disponibles, l’importance vitale de la préservation de la biodiversité devrait mieux être reconnue.

Les programmes de préservation efficaces sont fondés sur de saines connaissances scientifiques. Le travail de premier plan de Kew dans la compréhension et la conservation des plantes partout dans le monde est par conséquent un pilier fondamental du combat contre la perte de la biodiversité. Ses collections comprennent certaines des plus importantes et des plus complètes archives de diversité des plantes au monde, et sont un point de référence international pour la recherche.

Une profonde connaissance de la botanique est essentielle pour planifier et mettre en ouvre les projets de préservation. Le récent travail de Kew avec l’Union internationale pour la préservation de la nature ( International Union for Conservation of Nature ), le Muséum d’Histoire Naturelle de Londres ( Natural History Museum ) amp#160;et la Société Zoologique de Londres pour créer la Sample Red List Index (SRLI, Liste Rouge des échantillons) pour les plantes a révélé pour la première fois qu’une espèce de plante sur cinq dans le monde est menacée d’extinction.

Nous avons donc désormais une base à partir de laquelle mesurer les problèmes de préservation des plantes sur l’ensemble de la planète. Nous avons les connaissances, l’expertise, et les partenariats pour faire la différence de manière positive dans la préservation mondiale de la biodiversité, et nous acceptons le soutien de tous les membres de la société pour nous aider à y parvenir.

La biodiversité est essentielle à notre santé, à notre richesse et à notre bien-être et nous possédons aujourd’hui les moyens d’arrêter sa destruction et d’inverser la tendance. C’est simplement une question de priorité. Engager la volonté politique et une petite fraction des ressources financières du monde dans la préservation de la biodiversité – et dans les recherches scientifiques inhérentes amp#160;– apporterait les indispensables bénéfices nécessaires à long terme, dont une planète en bonne santé pour nos enfants. Mais c’est aujourd’hui qu’il faut commencer.

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