SUNSHINE COAST – La crise de la COVID-19 révèle l'importance de l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène. En l'état actuel des connaissances, le lavage des mains est l'une des meilleures défenses de première ligne contre le virus. Pourtant trois milliards de personnes – près de la moitié de la population mondiale – n'ont pas accès à des installations de lavage de mains de base, environ un tiers (2,2 milliards de personnes) n'ont pas accès à l'eau potable et près de deux fois plus (4,2 milliards) se passent de services d'assainissement sûrs, quels qu'il soient.
La situation est encore pire dans les îles du Pacifique, où la part de population sans accès sûr à l'eau potable est deux fois supérieure à la moyenne mondiale, et où les indicateurs sanitaires sont inférieurs à ceux de l'Afrique subsaharienne. Comme nous le constatons dans des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'absence d'installations pour maintenir une hygiène de base rend incroyablement difficile la lutte contre le virus une fois qu'il est en place.
Pourtant, en dépit de notre connaissance du problème, l'eau et l'assainissement perdent régulièrement la priorité à l'ordre du jour politique à l'échelle mondiale. Les politiciens sont rarement aussi impatients d'ouvrir une station d'épuration des eaux usées que d'inaugurer une nouvelle école ou un nouvel hôpital. Mais le problème n'est pas tant un manque de volonté politique qu'une incapacité à saisir les opportunités politiques. Après tout, il est difficile de penser à un autre service public aussi important que la fourniture d'eau potable et d'assainissement.
Le véritable problème est en fait un problème de financement. Depuis trop longtemps, les pouvoirs publics ont considéré l'eau et l'assainissement comme un fardeau sur les budgets nationaux plutôt que comme une opportunité d'investissement. En conséquence, ils comptent traditionnellement sur les impôts, les droits de douane et les transferts pour subventionner ce secteur. Et bien que les gens soient souvent prêts à payer pour l'accès ou l'amélioration de ces services, les services publics ont du mal à couvrir les coûts des opérations de base ou de l'entretien sans aide supplémentaire.
Cela n'a aucun sens sur le plan politique, étant donné que les citoyens désirent ces services et qu'ils en ont désespérément besoin. Mais cela ne veut rien dire non plus sur le plan économique. Les pertes annuelles liées à l'insuffisance des services d'approvisionnement en eau et d'assainissement s'élèvent actuellement à environ 260 milliards de dollars (1,5 % du PIB mondial) par an, alors que chaque dollar investi dans l'eau et l'assainissement rapporte quatre fois plus à la santé, à l'économie et aux résultats scolaires – qui peuvent tous rendre service au programme économique et social plus large d'un gouvernement.
Le plus grand défi consiste à persuader les pouvoirs publics de considérer le secteur en termes d'actifs qui produiront des rendements économiques et financiers élevés à moindre coût. Un tel changement d'état d'esprit donnera également une impulsion à d'autres réformes nécessaires depuis longtemps. Il existe de nombreuses possibilités d'améliorer la planification et la gestion du secteur, le ciblage des subventions, les politiques de recouvrement des coûts et les régimes tarifaires. Il faut également mettre au point de nouvelles recettes fiscales affectées et d'autres options pour les subventions croisées.
Certains gouvernements agissent dès à présent dans ce sens. La mission Swachh Bharat du Premier ministre indien Narendra Modi, par exemple,contribue à concentrer l'attention nationale sur les questions d'eau et d'assainissement, tout comme les récents efforts du président Muhammadu Buhari au Nigeria. Pendant ce temps, d'autres gouvernements ont élargi l'accès aux mécanismes d'avances remboursables, conçus pour réduire les risques et mettre en commun les ressources financières au niveau national, municipal ou des ménages.
Par exemple, au Kenya, le secteur national de régulation de l'eau collabore avec la Banque mondiale pour adopter des « notations de crédit prévisionnelles » susceptibles d'attirer davantage de financement. En Indonésie, le gouvernement utilise des subventions pour les ménages à faible revenu afin d'améliorer les services destinés à ceux qui en ont le plus besoin. Au Pérou, un mélange d'incitations et d'aide directe est en place pour améliorer la prestation de services par les pouvoirs publics locaux. Dans des pays comme Kiribati et les îles Marshall dans l'océan Pacifique, les gouvernements ont obtenu l'accès à de nouveaux fonds pour le climat, ou ont utilisé des obligations à effet social pour apporter des sources de financement supplémentaires.
Ces options de financement couplées à des options similaires sont à présent compilées dans un nouveau manuel pratique à l'intention des pouvoirs publics. Publié par le Partenariat des Nations Unies pour l'assainissement et l'eau pour tous, L'eau et l'assainissement : comment faire fonctionner les investissements publics fournit des exemples réels pour montrer aux dirigeants politiques comment ils peuvent obtenir des financements supplémentaires pour l'eau et l'assainissement, de manière sensée d'un point de vue politique et économique.
Sans une correction de cap, les défis auxquels ce secteur essentiel est confronté ne feront que se compliquer à mesure que le changement climatique, les urgences sanitaires mondiales en cours et d'autres risques systémiques continueront de s'accumuler. La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation des fournisseurs de services en difficulté financière dans le monde entier. Mais la crise représente également une occasion rare d'envisager et de faire les choses autrement.
Parce que l'eau et l'assainissement sont au cœur de l'intervention d'urgence, les dirigeants mondiaux et les ministres des finances sont d'autant plus justifiés à prétendre à une action immédiate sur ce front, notamment lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international le mois prochain. Investir dans l'eau et l'assainissement crée des emplois, stimule l'activité économique et réduit le fardeau à long terme sur les budgets publics. Mais plus précisément, ce type d'investissements améliore radicalement la vie des gens, en particulier celle des femmes et des filles.
Pour les responsables politiques, rares sont les opportunités grâce auxquelles un seul investissement est à même de réduire les décès et les maladies prématurés, d'augmenter l'espérance de vie, d'améliorer la qualité de vie et d'assurer la vie privée, la sécurité et la dignité de tous. Pourtant investir dans l'eau et l'assainissement permet d'accomplir tout cela et plus encore.
Il est temps que les décideurs du monde entier – les gouvernements donateurs, les institutions financières internationales, ainsi que les banques nationales et les coopératives locales – saisissent l'opportunité créée par cette crise. Les possibilités de financement à disposition sont abondantes et les récompenses potentielles sont énormes.
SUNSHINE COAST – La crise de la COVID-19 révèle l'importance de l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène. En l'état actuel des connaissances, le lavage des mains est l'une des meilleures défenses de première ligne contre le virus. Pourtant trois milliards de personnes – près de la moitié de la population mondiale – n'ont pas accès à des installations de lavage de mains de base, environ un tiers (2,2 milliards de personnes) n'ont pas accès à l'eau potable et près de deux fois plus (4,2 milliards) se passent de services d'assainissement sûrs, quels qu'il soient.
La situation est encore pire dans les îles du Pacifique, où la part de population sans accès sûr à l'eau potable est deux fois supérieure à la moyenne mondiale, et où les indicateurs sanitaires sont inférieurs à ceux de l'Afrique subsaharienne. Comme nous le constatons dans des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'absence d'installations pour maintenir une hygiène de base rend incroyablement difficile la lutte contre le virus une fois qu'il est en place.
Pourtant, en dépit de notre connaissance du problème, l'eau et l'assainissement perdent régulièrement la priorité à l'ordre du jour politique à l'échelle mondiale. Les politiciens sont rarement aussi impatients d'ouvrir une station d'épuration des eaux usées que d'inaugurer une nouvelle école ou un nouvel hôpital. Mais le problème n'est pas tant un manque de volonté politique qu'une incapacité à saisir les opportunités politiques. Après tout, il est difficile de penser à un autre service public aussi important que la fourniture d'eau potable et d'assainissement.
Le véritable problème est en fait un problème de financement. Depuis trop longtemps, les pouvoirs publics ont considéré l'eau et l'assainissement comme un fardeau sur les budgets nationaux plutôt que comme une opportunité d'investissement. En conséquence, ils comptent traditionnellement sur les impôts, les droits de douane et les transferts pour subventionner ce secteur. Et bien que les gens soient souvent prêts à payer pour l'accès ou l'amélioration de ces services, les services publics ont du mal à couvrir les coûts des opérations de base ou de l'entretien sans aide supplémentaire.
Cela n'a aucun sens sur le plan politique, étant donné que les citoyens désirent ces services et qu'ils en ont désespérément besoin. Mais cela ne veut rien dire non plus sur le plan économique. Les pertes annuelles liées à l'insuffisance des services d'approvisionnement en eau et d'assainissement s'élèvent actuellement à environ 260 milliards de dollars (1,5 % du PIB mondial) par an, alors que chaque dollar investi dans l'eau et l'assainissement rapporte quatre fois plus à la santé, à l'économie et aux résultats scolaires – qui peuvent tous rendre service au programme économique et social plus large d'un gouvernement.
Le plus grand défi consiste à persuader les pouvoirs publics de considérer le secteur en termes d'actifs qui produiront des rendements économiques et financiers élevés à moindre coût. Un tel changement d'état d'esprit donnera également une impulsion à d'autres réformes nécessaires depuis longtemps. Il existe de nombreuses possibilités d'améliorer la planification et la gestion du secteur, le ciblage des subventions, les politiques de recouvrement des coûts et les régimes tarifaires. Il faut également mettre au point de nouvelles recettes fiscales affectées et d'autres options pour les subventions croisées.
Certains gouvernements agissent dès à présent dans ce sens. La mission Swachh Bharat du Premier ministre indien Narendra Modi, par exemple,contribue à concentrer l'attention nationale sur les questions d'eau et d'assainissement, tout comme les récents efforts du président Muhammadu Buhari au Nigeria. Pendant ce temps, d'autres gouvernements ont élargi l'accès aux mécanismes d'avances remboursables, conçus pour réduire les risques et mettre en commun les ressources financières au niveau national, municipal ou des ménages.
Par exemple, au Kenya, le secteur national de régulation de l'eau collabore avec la Banque mondiale pour adopter des « notations de crédit prévisionnelles » susceptibles d'attirer davantage de financement. En Indonésie, le gouvernement utilise des subventions pour les ménages à faible revenu afin d'améliorer les services destinés à ceux qui en ont le plus besoin. Au Pérou, un mélange d'incitations et d'aide directe est en place pour améliorer la prestation de services par les pouvoirs publics locaux. Dans des pays comme Kiribati et les îles Marshall dans l'océan Pacifique, les gouvernements ont obtenu l'accès à de nouveaux fonds pour le climat, ou ont utilisé des obligations à effet social pour apporter des sources de financement supplémentaires.
Ces options de financement couplées à des options similaires sont à présent compilées dans un nouveau manuel pratique à l'intention des pouvoirs publics. Publié par le Partenariat des Nations Unies pour l'assainissement et l'eau pour tous, L'eau et l'assainissement : comment faire fonctionner les investissements publics fournit des exemples réels pour montrer aux dirigeants politiques comment ils peuvent obtenir des financements supplémentaires pour l'eau et l'assainissement, de manière sensée d'un point de vue politique et économique.
Sans une correction de cap, les défis auxquels ce secteur essentiel est confronté ne feront que se compliquer à mesure que le changement climatique, les urgences sanitaires mondiales en cours et d'autres risques systémiques continueront de s'accumuler. La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation des fournisseurs de services en difficulté financière dans le monde entier. Mais la crise représente également une occasion rare d'envisager et de faire les choses autrement.
Parce que l'eau et l'assainissement sont au cœur de l'intervention d'urgence, les dirigeants mondiaux et les ministres des finances sont d'autant plus justifiés à prétendre à une action immédiate sur ce front, notamment lors des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international le mois prochain. Investir dans l'eau et l'assainissement crée des emplois, stimule l'activité économique et réduit le fardeau à long terme sur les budgets publics. Mais plus précisément, ce type d'investissements améliore radicalement la vie des gens, en particulier celle des femmes et des filles.
Pour les responsables politiques, rares sont les opportunités grâce auxquelles un seul investissement est à même de réduire les décès et les maladies prématurés, d'augmenter l'espérance de vie, d'améliorer la qualité de vie et d'assurer la vie privée, la sécurité et la dignité de tous. Pourtant investir dans l'eau et l'assainissement permet d'accomplir tout cela et plus encore.
Il est temps que les décideurs du monde entier – les gouvernements donateurs, les institutions financières internationales, ainsi que les banques nationales et les coopératives locales – saisissent l'opportunité créée par cette crise. Les possibilités de financement à disposition sont abondantes et les récompenses potentielles sont énormes.