Three UN workers in Sudan, Africa. United Nations Photo/Flickr

Des objectifs de gouvernance durable

NEW YORK – À ceux qui prétendent que la politique conventionnelle n'apporte aucun changement, les Objectifs de Développement du Millénaire, adoptés ici à New York par les Nations Unies il y a 15 ans, sont une réplique percutante. Tout le contenu des ODM n'a pas été réalisé et aucun pays fragile ne parviendra complètement à atteindre l'un de ces objectifs avant leur échéance à la fin de cette année. Mais d'énormes progrès ont été accomplis : des centaines de millions de personnes ont été tirées de la pauvreté, la mortalité maternelle a diminué de près de moitié et des millions de nouveaux enfants sont à présent scolarisés.

Ainsi alors que le monde s'inscrit cette semaine au programme-cadre qui succède aux ODM, les Objectifs de Gouvernance Durable (OGD), il doit le faire en y accordant une confiance forte. Le défi consiste cependant à rendre encore plus efficace l'établissement d'objectifs mondiaux, en partie en tirant les leçons des 15 dernières années.

Ma fondation, l'Initiative pour la gouvernance en Afrique, présente aujourd'hui dans huit pays, place des systèmes améliorés de livraison et de mise en œuvre au cœur du changement nécessaire à la réduction de la pauvreté et à la promotion du développement. Je sais à quel point la chose la plus difficile au sujet du gouvernement (même dans les pays développés), est de faire avancer les choses. Les dirigeants politiques se présentent aux élections sous les traits de grands militants. Toutefois, une fois au pouvoir, ils découvrent rapidement qu'ils doivent devenir de grands PDG, s'ils veulent que leurs programmes soient appliqués.

Dans le monde en voie de développement, où les dirigeants ont de nombreux défis à relever, les qualifications de ce genre sont d'autant plus importantes. Les réformes nécessaires sont souvent radicales, impopulaires et techniquement complexes. Les dirigeants doivent se battre contre des méthodes de travail d'un autre temps, d'interminables heures de protocole (le signe d'un gouvernement pauvre est un bureau du protocole heureux) et un manque de conseils judicieux sur les problèmes auxquels les pays en développement sont souvent confrontés pour le financement des infrastructures ou pour attirer les investisseurs mondiaux.

En d'autres termes, un effort concerté pour renforcer la capacité et l'efficacité du gouvernement serait un excellent complément aux OGD. Mais il doit être mené à bien d'un point de vue pratique.

Premièrement, nous devons reconnaître qu'il existe un coût du traitement multitâche. Les OGD comprennent 17 objectifs et 169 cibles, chacun d'entre eux étant excellent en soi. Mais les gouvernements des pays en développement doivent être autorisés à les hiérarchiser et à se concentrer sur le rythme d'évolution qui fonctionne le mieux pour eux.

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En Sierra Leone, par exemple, le plan de relance post-Ebola met l'accent sur l'énergie, l'agriculture, et (sans grande surprise) sur la santé. La communauté internationale doit aider le gouvernement dans ces domaines, plutôt que le presser à travailler sur l'ensemble des 17 OGD dès le départ.

En second lieu, avoir simplement un ordre du jour de développement bien-formulé ne suffit pas : les présidents et les Premiers ministres ont besoin d'une manière de transformer des objectifs en plans et de s'assurer de garder le cap sur ces plans. Cette priorité opérationnelle est souvent étrangement absente du débat. Tout fan de football est à même de comprendre que le ballon ne touche pas le fond du filet, sans que l'équipe ne s'emploie à passer le ballon à l'attaquant.

Voyez par exemple la Guinée, où l'Initiative pour la gouvernance en Afriqueest en étroite collaboration avec le bureau de gestion des grands projets du gouvernement. La supervision efficace par cette équipe produit des résultats, comme la construction du barrage de Kaléta, qui à la fin de l'année va fournir 240 MW d'électricité au réseau national.

Troisièmement, l'ampleur des OGD exige un financement d'environ 11,5 mille milliards de dollars par an. Pour mettre ce chiffre en perspective, le PIB total actuel de l'Afrique subsaharienne est d'environ 2 mille milliards de dollars. De toute évidence, nous avons besoin d'un concept plus large du financement et des mesures nécessaires pour aider au développement.

L'aide reste importante : elle peut atteindre des endroits où le financement privé à lui seul ne parvient pas. Mais le monde développé a une responsabilité qui va au-delà de celle de fournir de l'aide : il doit réduire les obstacles au commerce, aussi bien pour les produits que pour les services, à la diffusion de la connaissance et de l'innovation, ainsi qu'aux migrations.

Le véritable élément crucial consiste cependant à développer les ressources nationales disponibles pour les gouvernements des pays en développement. Attirer les investissements pour stimuler la croissance économique va créer des emplois et des revenus, qui à leur tour vont augmenter les recettes fiscales.

Tout cela exigera de nouveaux partenariats et une plus grande collaboration à travers les frontières. Cela impliquera de partager des idées, de former des alliances et d'accepter que la pratique prenne le pas sur l'idéologie. Une nouvelle réflexion sera importante, mais le marché mondial offre déjà une abondance d'idées à exploiter.

Heureusement, contrairement à 15 ans auparavant, la technologie (en particulier la technologie mobile, qui est maintenant considérée simplement comme une technologie personnelle, même dans le monde en développement), peut révolutionner la prestation de services. Cela a déjà commencé à se produire par exemple avec les services bancaires par téléphonie mobile M-Pesa au Kenya et mHealth en Afrique de l'Ouest, qui a montré son potentiel durant l'épidémie d'Ebola. Ces technologies mobiles ainsi que d'autres peuvent être adaptées à des fins très spécifiques dans des communautés très différentes.

En outre, une caractéristique remarquable des 15 ans des ODM a été le rôle que la philanthropie privée a joué pour compléter les efforts déployés par les gouvernements. Cela doit nous encourager à trouver la bonne manière pour les gouvernements et les philanthropes de coopérer à la réalisation de cette évolution, non plus simplement palliative, mais transformative.

La leçon des 15 dernières années est que la victoire sur la pauvreté dans le monde n'est pas une cause perdue. Dans les années à venir, les OGD peuvent encore faire évoluer le monde vers le succès, surtout si ces nouveaux objectifs sont aidés par un effort rigoureux pour renforcer la capacité des gouvernements à les atteindre.

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