WASHINGTON, DC – Le monde est sur le point de réussir à exploiter à grande échelle les sources d'énergie durables et fiables. Du vent au soleil, les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives comparées aux énergies fossiles, alors même que le prix du pétrole est au plus bas. Nous réussirons cette transition à condition d'adopter la politique voulue.
Plusieurs pays ont déjà saisi l'occasion. Avec la chute du prix du pétrole qui a commencé au milieu de l'année dernière, la première des priorités est apparue clairement : diminuer ou mettre fin aux subventions en faveur des énergies fossiles avant que les prix ne remontent. Ces subventions pèsent lourd sur le budget public, encouragent au gaspillage, augmentent la pollution et les émissions de CO2. L'Inde a renoncé au contrôle du prix du diesel, l'Indonésie ne subventionne plus l'essence et d'autres pays vont suivre. Les fonds économisés grâce à l'arrêt des subventions pourraient servir à aider les personnes les plus pauvres face à la hausse du prix de l'énergie.
Mesure indispensable, l'arrêt des subventions aux énergies fossiles n'est qu'un premier pas dans la bonne direction. Grâce aux nouvelles technologies maintenant très répandues et d'un prix abordable, les pays qui en ont la volonté peuvent enfin évoluer vers la sécurité énergétique à long terme, se mettant ainsi à l'abri de la volatilité du marché pétrolier.
Cela suppose que les pays pauvres réduisent les importations de pétrole destinées aux centrales électriques. Ainsi 21% de la production d'électricité du Kenya repose sur l'essence et le diesel, une proportion qui bondit à 85% pour le Sénégal, tandis que certains pays insulaires dépendent entièrement du diesel pour leur électricité.
Aujourd'hui c'est la seule option possible pour certains pays, mais à long terme cette dépendance peut se traduire par une hausse du prix de l'énergie et une grande vulnérabilité à la variation des prix ou à une crise de la production. Avec le soutien de la communauté internationale, ces pays pourront investir dans les infrastructures nécessaires pour diversifier leurs sources d'énergie.
Pour nombre de pays, l'étape suivante consistera à préparer l'intégration des énergies renouvelables (comme le soleil et le vent dont l'apport n'est pas constant) dans les réseaux de distribution d'électricité. Le coût des panneaux solaires et des éoliennes étant à la baisse, leur utilisation se répand plus rapidement que prévu. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, en 2014, 144 pays avaient un programme destiné à accroître l'utilisation des énergies renouvelables et près d'une centaine s'était fixée des objectifs précis et avaient adopté des mesures incitatives. En seulement 7 ans, de 2006 à 2013, la puissance éolienne installée a été multipliée par 4, la puissance photovoltaïque installée par presque 20, et tout semble indiquer que ce rythme s'accélère.
At a time when democracy is under threat, there is an urgent need for incisive, informed analysis of the issues and questions driving the news – just what PS has always provided. Subscribe now and save $50 on a new subscription.
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Les réserves formulées de longue date quant à l'intégration de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire dans les systèmes de distribution d'électricité traditionnels disparaissent. Au Mexique des installations ambitieuses de production d'électricité d'origine hydroélectrique, solaire ou éolienne (souvent dans des endroits retirés) sont dans la phase de connexion au réseau. La Chine qui dispose de la plus grande puissance installée en matière d'énergies renouvelables entreprend des études sur les exigences techniques et les coûts liés à l'adaptation de son réseau de distribution électrique aux sources d'énergie solaire.
Ainsi que l'indique le rapport de la Banque mondiale, avec les investissements voulus et la politique adéquate, il est désormais possible de répondre à une grande partie des besoins en électricité à partir de sources d'énergie renouvelables (dont le fonctionnement est par nature irrégulier) sans nuire à la fiabilité du réseau et sans hausse exagérée du coût de l'électricité. Les investissements concernent le stockage de l'énergie, l'amélioration des systèmes de prévision et les réseaux intelligents - des domaines qui bénéficient de percées technologiques et de la baisse des prix.
L'ouverture des marchés de l'énergie à de nouveaux acteurs sera un facteur crucial. Il faut créer un environnement propice pour les entrepreneurs et les petits producteurs d'énergie dans les zones rurales pauvres afin d'apporter l'électricité dans des villages qui devraient autrement attendre encore des années pour être raccordés à un réseau classique. Il s'agit d'y construire de mini-réseaux de distribution alimentés par l'énergie solaire, de petits barrages ou de petites unités de production hybrides solaire/diesel. En Tanzanie, avec un minimum de formalités de petits producteurs d'énergie peuvent proposer leurs services. En Inde, depuis peu des tours de télécommunication sont alimentées par de mini-réseaux de distribution de l'électricité d'origine renouvelable, en lieu et place de générateurs diesel.
Les grandes compagnies qui produisent l'électricité devraient faire preuve de flexibilité en acceptant de travailler avec les petits producteurs indépendants et en développant des réseaux de distribution intelligents capables de mieux gérer l'adaptation de l'offre à la demande. C'est un véritable défi, même pour des pays riches comme l'Allemagne et les USA où des compagnies d'électricité voient leur fonctionnement remis en question du fait de la revente de leur propre production par certains de leurs clients. En ce domaine, face à l'urgence que représente la fourniture d'électricité dans leurs zones rurales, les pays en développement qui ont encore peu investi dans les modèles économiques traditionnels pourraient passer directement à ce stade cette en sautant les étapes intermédiaires - comme ils l'ont fait avec la téléphonie mobile.
On parle tout aussi bien d'énergie renouvelable que d'énergie durable. Aussi faut-il définir plus précisément le concept. Une énergie durable est propre (peu de pollution et d'émissions de CO2), d'un prix abordable pour les Etats comme pour les citoyens, exploitable pendant des décennies et utile à la prospérité commune, car bénéficiant à tous les membres de la société.
Grâce à la baisse du prix du pétrole, aux innovations et aux économies d'échelle, l'énergie durable à grande échelle peut maintenant devenir une réalité.
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At the end of a year of domestic and international upheaval, Project Syndicate commentators share their favorite books from the past 12 months. Covering a wide array of genres and disciplines, this year’s picks provide fresh perspectives on the defining challenges of our time and how to confront them.
ask Project Syndicate contributors to select the books that resonated with them the most over the past year.
WASHINGTON, DC – Le monde est sur le point de réussir à exploiter à grande échelle les sources d'énergie durables et fiables. Du vent au soleil, les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives comparées aux énergies fossiles, alors même que le prix du pétrole est au plus bas. Nous réussirons cette transition à condition d'adopter la politique voulue.
Plusieurs pays ont déjà saisi l'occasion. Avec la chute du prix du pétrole qui a commencé au milieu de l'année dernière, la première des priorités est apparue clairement : diminuer ou mettre fin aux subventions en faveur des énergies fossiles avant que les prix ne remontent. Ces subventions pèsent lourd sur le budget public, encouragent au gaspillage, augmentent la pollution et les émissions de CO2. L'Inde a renoncé au contrôle du prix du diesel, l'Indonésie ne subventionne plus l'essence et d'autres pays vont suivre. Les fonds économisés grâce à l'arrêt des subventions pourraient servir à aider les personnes les plus pauvres face à la hausse du prix de l'énergie.
Mesure indispensable, l'arrêt des subventions aux énergies fossiles n'est qu'un premier pas dans la bonne direction. Grâce aux nouvelles technologies maintenant très répandues et d'un prix abordable, les pays qui en ont la volonté peuvent enfin évoluer vers la sécurité énergétique à long terme, se mettant ainsi à l'abri de la volatilité du marché pétrolier.
Cela suppose que les pays pauvres réduisent les importations de pétrole destinées aux centrales électriques. Ainsi 21% de la production d'électricité du Kenya repose sur l'essence et le diesel, une proportion qui bondit à 85% pour le Sénégal, tandis que certains pays insulaires dépendent entièrement du diesel pour leur électricité.
Aujourd'hui c'est la seule option possible pour certains pays, mais à long terme cette dépendance peut se traduire par une hausse du prix de l'énergie et une grande vulnérabilité à la variation des prix ou à une crise de la production. Avec le soutien de la communauté internationale, ces pays pourront investir dans les infrastructures nécessaires pour diversifier leurs sources d'énergie.
Pour nombre de pays, l'étape suivante consistera à préparer l'intégration des énergies renouvelables (comme le soleil et le vent dont l'apport n'est pas constant) dans les réseaux de distribution d'électricité. Le coût des panneaux solaires et des éoliennes étant à la baisse, leur utilisation se répand plus rapidement que prévu. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, en 2014, 144 pays avaient un programme destiné à accroître l'utilisation des énergies renouvelables et près d'une centaine s'était fixée des objectifs précis et avaient adopté des mesures incitatives. En seulement 7 ans, de 2006 à 2013, la puissance éolienne installée a été multipliée par 4, la puissance photovoltaïque installée par presque 20, et tout semble indiquer que ce rythme s'accélère.
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Ainsi que l'indique le rapport de la Banque mondiale, avec les investissements voulus et la politique adéquate, il est désormais possible de répondre à une grande partie des besoins en électricité à partir de sources d'énergie renouvelables (dont le fonctionnement est par nature irrégulier) sans nuire à la fiabilité du réseau et sans hausse exagérée du coût de l'électricité. Les investissements concernent le stockage de l'énergie, l'amélioration des systèmes de prévision et les réseaux intelligents - des domaines qui bénéficient de percées technologiques et de la baisse des prix.
L'ouverture des marchés de l'énergie à de nouveaux acteurs sera un facteur crucial. Il faut créer un environnement propice pour les entrepreneurs et les petits producteurs d'énergie dans les zones rurales pauvres afin d'apporter l'électricité dans des villages qui devraient autrement attendre encore des années pour être raccordés à un réseau classique. Il s'agit d'y construire de mini-réseaux de distribution alimentés par l'énergie solaire, de petits barrages ou de petites unités de production hybrides solaire/diesel. En Tanzanie, avec un minimum de formalités de petits producteurs d'énergie peuvent proposer leurs services. En Inde, depuis peu des tours de télécommunication sont alimentées par de mini-réseaux de distribution de l'électricité d'origine renouvelable, en lieu et place de générateurs diesel.
Les grandes compagnies qui produisent l'électricité devraient faire preuve de flexibilité en acceptant de travailler avec les petits producteurs indépendants et en développant des réseaux de distribution intelligents capables de mieux gérer l'adaptation de l'offre à la demande. C'est un véritable défi, même pour des pays riches comme l'Allemagne et les USA où des compagnies d'électricité voient leur fonctionnement remis en question du fait de la revente de leur propre production par certains de leurs clients. En ce domaine, face à l'urgence que représente la fourniture d'électricité dans leurs zones rurales, les pays en développement qui ont encore peu investi dans les modèles économiques traditionnels pourraient passer directement à ce stade cette en sautant les étapes intermédiaires - comme ils l'ont fait avec la téléphonie mobile.
On parle tout aussi bien d'énergie renouvelable que d'énergie durable. Aussi faut-il définir plus précisément le concept. Une énergie durable est propre (peu de pollution et d'émissions de CO2), d'un prix abordable pour les Etats comme pour les citoyens, exploitable pendant des décennies et utile à la prospérité commune, car bénéficiant à tous les membres de la société.
Grâce à la baisse du prix du pétrole, aux innovations et aux économies d'échelle, l'énergie durable à grande échelle peut maintenant devenir une réalité.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz