WASHINGTON, DC – Le 24 février, le premier jour de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine, l'Occident a versé à la Russie environ 500 millions de dollars. C'est la valeur quotidienne moyenne des achats d'énergie russe par l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Alors que le conflit se poursuit, le flux quotidien d'argent est resté à peu près le même. Ceci revient à dire que l'Europe, en particulier, finance l'agression russe, la destruction de vies et de moyens de subsistance, et la création d'une crise de réfugiés massive. Pourquoi ?
Pour faire court, la réponse est parce que l'Occident a mis du temps à reconnaître l'ampleur du danger que représentent les intentions du président russe Vladimir Poutine. Pour des millions d'Ukrainiens, le flux continu d'argent alimente une tragédie.
La force – et la faiblesse – de la position économique de la Russie apparaissent clairement dans les statistiques du commerce extérieur, qui ont été analysées dans un document de travail publié ce mois-ci par l'Institut des économies émergentes de la Banque de Finlande. La plupart des exportations de la Russie sont constituées de pétrole, de produits pétroliers et de gaz (240 milliards de dollars en 2019), et plus de la moitié sont destinées à l'UE. La valeur totale du reste des exportations russes (48,5 milliards de dollars) représente moins que celle de ses exportations de gaz (51 milliards de dollars).
La Chine achète 28 % du pétrole russe, mais seulement 5 % de ses produits pétroliers et 1,1 % de son gaz. L'UE achète 63,9 % du gaz russe et le Royaume-Uni 4,5 % supplémentaires.
Certes, la déconnexion de certaines banques russes du système de messagerie SWIFT compliquera la tâche des entreprises russes pour le paiement des livraisons d'énergie en Europe. Mais les paiements par télex, par téléphone, par d'autres réseaux ou par des tiers offrent des options de repli.
La solution la plus évidente consiste à cesser de payer le gaz russe ou à le verser sur un compte séquestre jusqu'à ce que la Russie retire ses forces aux frontières d'avant le 24 février. La réaction de la Russie serait sans doute d'interrompre les livraisons, mais l'Europe affirme avoir suffisamment de stocks pour passer l'hiver, de sorte qu'il s'agit en partie des coûts de préparation au prochain hiver.
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Ces coûts risquent d'être élevés, car toute perturbation de l'approvisionnement énergétique mondial entraîne généralement une hausse du prix du pétrole ou du gaz, voire des deux, ce qui affecterait vraisemblablement l'UE, les États-Unis et l'économie mondiale en général. Cela compliquerait également la tâche des banques centrales pour contrôler l'inflation. Mais les décideurs politiques ont fait face à des problèmes plus importants, notamment la crise de la COVID-19 en 2020-21 et la crise financière mondiale en 2008.
La stratégie énergétique de l'Allemagne repose sur le gaz russe depuis les années 1960. Or, si les livraisons se sont avérées fiables jusqu'à la fin de la guerre froide et après l'effondrement de l'Union soviétique, cet arrangement n'est plus viable aujourd’hui. La raison pour laquelle Poutine a lancé une guerre totale contre l'Ukraine – pour réimposer les frontières de l'ère soviétique – a des implications existentielles pour les anciens pays soviétiques membres de l'UE, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Le statu quo est – ou devrait être – hors de question.
L'impact de priver la Russie de son afflux quotidien de devises étrangères dépend de la possibilité d'utiliser ses réserves de change accumulées pour acheter les importations nécessaires, qui coûteront 380 milliards de dollars (25 % du PIB) en 2021. Pour payer les importations d'un pays occidental, il faut des euros, des dollars ou une autre devise occidentale. Il est peu probable que les exportateurs italiens ou français acceptent d'être payés en or, en renminbi chinois ou en crypto-monnaies.
La Banque centrale de Russie (CBR) s'est préparée : les réserves ont atteint un niveau record de 638,2 milliards de dollars le 14 janvier. Et, contrairement à la plupart des banques centrales, depuis 2018, la CBR détient relativement peu de ses réserves sous la forme de titres du Trésor américain détenus à la Federal Reserve Bank de New York.
Mais cela signifie-t-il que la Russie pourrait survivre à un embargo dirigé par l'UE sur ses produits énergétiques ? Les sanctions américaines peuvent évidemment interdire à toute banque ou autre entité américaine de traiter avec des entreprises ou le secteur officiel russes, et certaines premières mesures ont été annoncées le 24 février. Ce que l'on comprend moins, c'est que des "sanctions secondaires" bien conçues peuvent également interdire aux banques américaines de compenser des transactions organisées par des tiers pour le compte de la Russie. Pour être efficaces, des mesures dans ce sens devraient également être prises par les autorités de la zone euro, ainsi que par le Royaume-Uni.
Bien que l'UE ait l'intention de sanctionner la CBR, les mesures restent floues. Ce qui est clair, c'est que l'application de ces mesures sera difficile, car personne ne sait exactement où la CBR détient ses réserves. Des rapports crédibles suggèrent qu'elles sont cachées dans des marchés opaques offshore, peut-être par le biais de transactions avec des banques européennes ou suisses. Selon Zoltan Pozsar, du Crédit Suisse, la moitié des réserves russes pourrai être détenue en dollars, dissimulée au moyen de swaps de change. Ces ventes au comptant et ces achats à terme de dollars américains signifient que la CBR prête effectivement des dollars contre des garanties libellées dans d'autres devises. Si cela est vrai, cela confirme une fois de plus que la CBR a besoin d'avoir accès aux dollars pour ses transactions.
M. Pozsar s'inquiète du fait que les sanctions ou la menace de sanctions pourraient ébranler les marchés de financement. Cette question requiert l'attention immédiate de la Réserve fédérale américaine, en collaboration avec le Conseil de stabilité financière et d'autres autorités compétentes. Encore une fois, les décideurs politiques ont fait face à des chocs plus importants au cours des dernières décennies.
En outre, la Russie devrait être suspendue immédiatement du Fonds monétaire international. Cela indiquerait clairement aux marchés financiers et monétaires que la Russie ne sera pas en mesure de puiser dans ses réserves détenues sous forme de Droits de tirage spéciaux.
Certes, ces mesures constitueraient une rupture radicale avec les normes de l'après-guerre. Mais Poutine a déchiré ces normes le 24 février.
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Not only did Donald Trump win last week’s US presidential election decisively – winning some three million more votes than his opponent, Vice President Kamala Harris – but the Republican Party he now controls gained majorities in both houses on Congress. Given the far-reaching implications of this result – for both US democracy and global stability – understanding how it came about is essential.
By voting for Republican candidates, working-class voters effectively get to have their cake and eat it, expressing conservative moral preferences while relying on Democrats to fight for their basic economic security. The best strategy for Democrats now will be to permit voters to face the consequences of their choice.
urges the party to adopt a long-term strategy aimed at discrediting the MAGA ideology once and for all.
WASHINGTON, DC – Le 24 février, le premier jour de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine, l'Occident a versé à la Russie environ 500 millions de dollars. C'est la valeur quotidienne moyenne des achats d'énergie russe par l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Alors que le conflit se poursuit, le flux quotidien d'argent est resté à peu près le même. Ceci revient à dire que l'Europe, en particulier, finance l'agression russe, la destruction de vies et de moyens de subsistance, et la création d'une crise de réfugiés massive. Pourquoi ?
Pour faire court, la réponse est parce que l'Occident a mis du temps à reconnaître l'ampleur du danger que représentent les intentions du président russe Vladimir Poutine. Pour des millions d'Ukrainiens, le flux continu d'argent alimente une tragédie.
La force – et la faiblesse – de la position économique de la Russie apparaissent clairement dans les statistiques du commerce extérieur, qui ont été analysées dans un document de travail publié ce mois-ci par l'Institut des économies émergentes de la Banque de Finlande. La plupart des exportations de la Russie sont constituées de pétrole, de produits pétroliers et de gaz (240 milliards de dollars en 2019), et plus de la moitié sont destinées à l'UE. La valeur totale du reste des exportations russes (48,5 milliards de dollars) représente moins que celle de ses exportations de gaz (51 milliards de dollars).
La Chine achète 28 % du pétrole russe, mais seulement 5 % de ses produits pétroliers et 1,1 % de son gaz. L'UE achète 63,9 % du gaz russe et le Royaume-Uni 4,5 % supplémentaires.
Certes, la déconnexion de certaines banques russes du système de messagerie SWIFT compliquera la tâche des entreprises russes pour le paiement des livraisons d'énergie en Europe. Mais les paiements par télex, par téléphone, par d'autres réseaux ou par des tiers offrent des options de repli.
La solution la plus évidente consiste à cesser de payer le gaz russe ou à le verser sur un compte séquestre jusqu'à ce que la Russie retire ses forces aux frontières d'avant le 24 février. La réaction de la Russie serait sans doute d'interrompre les livraisons, mais l'Europe affirme avoir suffisamment de stocks pour passer l'hiver, de sorte qu'il s'agit en partie des coûts de préparation au prochain hiver.
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La stratégie énergétique de l'Allemagne repose sur le gaz russe depuis les années 1960. Or, si les livraisons se sont avérées fiables jusqu'à la fin de la guerre froide et après l'effondrement de l'Union soviétique, cet arrangement n'est plus viable aujourd’hui. La raison pour laquelle Poutine a lancé une guerre totale contre l'Ukraine – pour réimposer les frontières de l'ère soviétique – a des implications existentielles pour les anciens pays soviétiques membres de l'UE, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Le statu quo est – ou devrait être – hors de question.
L'impact de priver la Russie de son afflux quotidien de devises étrangères dépend de la possibilité d'utiliser ses réserves de change accumulées pour acheter les importations nécessaires, qui coûteront 380 milliards de dollars (25 % du PIB) en 2021. Pour payer les importations d'un pays occidental, il faut des euros, des dollars ou une autre devise occidentale. Il est peu probable que les exportateurs italiens ou français acceptent d'être payés en or, en renminbi chinois ou en crypto-monnaies.
La Banque centrale de Russie (CBR) s'est préparée : les réserves ont atteint un niveau record de 638,2 milliards de dollars le 14 janvier. Et, contrairement à la plupart des banques centrales, depuis 2018, la CBR détient relativement peu de ses réserves sous la forme de titres du Trésor américain détenus à la Federal Reserve Bank de New York.
Mais cela signifie-t-il que la Russie pourrait survivre à un embargo dirigé par l'UE sur ses produits énergétiques ? Les sanctions américaines peuvent évidemment interdire à toute banque ou autre entité américaine de traiter avec des entreprises ou le secteur officiel russes, et certaines premières mesures ont été annoncées le 24 février. Ce que l'on comprend moins, c'est que des "sanctions secondaires" bien conçues peuvent également interdire aux banques américaines de compenser des transactions organisées par des tiers pour le compte de la Russie. Pour être efficaces, des mesures dans ce sens devraient également être prises par les autorités de la zone euro, ainsi que par le Royaume-Uni.
Bien que l'UE ait l'intention de sanctionner la CBR, les mesures restent floues. Ce qui est clair, c'est que l'application de ces mesures sera difficile, car personne ne sait exactement où la CBR détient ses réserves. Des rapports crédibles suggèrent qu'elles sont cachées dans des marchés opaques offshore, peut-être par le biais de transactions avec des banques européennes ou suisses. Selon Zoltan Pozsar, du Crédit Suisse, la moitié des réserves russes pourrai être détenue en dollars, dissimulée au moyen de swaps de change. Ces ventes au comptant et ces achats à terme de dollars américains signifient que la CBR prête effectivement des dollars contre des garanties libellées dans d'autres devises. Si cela est vrai, cela confirme une fois de plus que la CBR a besoin d'avoir accès aux dollars pour ses transactions.
M. Pozsar s'inquiète du fait que les sanctions ou la menace de sanctions pourraient ébranler les marchés de financement. Cette question requiert l'attention immédiate de la Réserve fédérale américaine, en collaboration avec le Conseil de stabilité financière et d'autres autorités compétentes. Encore une fois, les décideurs politiques ont fait face à des chocs plus importants au cours des dernières décennies.
En outre, la Russie devrait être suspendue immédiatement du Fonds monétaire international. Cela indiquerait clairement aux marchés financiers et monétaires que la Russie ne sera pas en mesure de puiser dans ses réserves détenues sous forme de Droits de tirage spéciaux.
Certes, ces mesures constitueraient une rupture radicale avec les normes de l'après-guerre. Mais Poutine a déchiré ces normes le 24 février.