HAIFA – Il n'y a pas si longtemps, j'ai donné une interview à un journaliste hollandais à propos de l'Iran. Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou ayant semble-t-il interdit aux membres du gouvernement de s'exprimer publiquement sur ce sujet, les journalistes n'ont d'autre choix que de se rabattre sur d'autres sources, peut-être plus "intellectuelles", mais qui ne sont pas à même d'exprimer le point de vue officiel.
Le journaliste m'a demandé premièrement si je pensais qu'Israël allait lancer une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, deuxièmement si je pensais que cela empêcherait l'Iran de parvenir à la bombe nucléaire, et troisièmement si je pensais que l'Iran risquait - s'il l'avait - de l'utiliser contre Israël. A chacune des trois questions, j'ai répondu que je n'en savais rien.
Il m'a alors demandé si le gouvernement israélien estime que les sanctions occidentales contre l'Iran sont suffisamment dissuasives. Une fois de plus j'ai avoué mon ignorance. Désespérant d'obtenir quoi que ce soit de ma part, il m'a alors demandé qu'est-ce que je savais.
J'ai rétorqué sur le champ que je savais ce qu'il faut faire pour rendre toutes ses questions caduques : reprendre sérieusement le processus de paix avec les Palestiniens et parvenir à ce qu'ils aient leur Etat, un objectif que même le gouvernement de droite israélien a officiellement adopté. Israël doit aussi arrêter l'expansion des colonies de peuplement et démanteler celles qui sont illégales. Les Iraniens seront alors contraints d'abandonner leur rhétorique enflammée et leurs sinistres menaces.
La principale question n'est pas de savoir s'il faut prendre ou pas au sérieux la menace que l'Iran fait peser sur ses voisins arabes (l'Arabie saoudite et les Etats du Golfe). Les musulmans, qu'ils soient chiites ou sunnites, doivent résoudre leurs problèmes eux-mêmes, de même que les USA et l'Europe doivent s'occuper de leurs propres intérêts. Si l'Occident estime que la puissance nucléaire iranienne représente un danger, il a les moyens économiques et militaires de supprimer cette menace sans risque pour lui-même.
Au moment de la création d'Israël, l'Iran et la Turquie, deux pays musulmans, ont reconnu le nouvel Etat. Les anciennes communautés juives ont continué à y être bien traitées, contrairement à ce qui s'est passé dans des pays arabes - et dans certains pays chrétiens - où elles ont été maltraitées et humiliées.
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Même lorsque l'hostilité des Arabes envers Israël a atteint son paroxysme, l'Iran et la Turquie ont continué à maintenir des relations diplomatiques, militaires et économiques avec Israël. Même après la Guerre des six jours en 1967 et celle du Yom Kippour en 1973, quand ces deux pays et d'autres dans le monde ont appelé à la création d'un Etat palestinien, ils n'ont pas rompu leurs relations diplomatiques avec Israël.
Aucun soldat israélien n'a jamais tué un soldat iranien et réciproquement. Les deux pays n'ont ni frontière commune, ni conflit territorial. D'où la question suivante : faut-il prendre au sérieux les menaces iraniennes ou bien ne s'agit-il que de slogans destinés à renforcer l'unité nationale ? Car même si son régime apparaît cruel, voire fanatique, l'Iran n'est pas la Corée du Nord. On le voit dans ses films, de même que dans les manifestations qui ont suivi les élections de 2009. D'autre part les Iraniens sont tout à fait conscients de l'évolution du Moyen-Orient, notamment des conséquences du Printemps arabe sur la politique intérieure de ses voisins.
Après l'Holocauste nous devons prendre au sérieux toute déclaration agressive et irrationnelle des pays totalitaires. Je ne peux reprocher aux autorités israéliennes de menacer de bombarder les installations nucléaires iraniennes. Mais tout progrès véritable vers la paix avec les Palestiniens poussera ces derniers à se joindre aux appels à mettre fin à la marche vers la guerre. Car un conflit entre Israël et l'Iran pourrait sonner le glas de leur espoir de parvenir à un Etat indépendant.
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The United States is not a monarchy, but a federal republic. States and cities controlled by Democrats represent half the country, and they can resist Donald Trump’s overreach by using the tools of progressive federalism, many of which were sharpened during his first administration.
see Democrat-controlled states as a potential check on Donald Trump’s far-right agenda.
Though the United States has long led the world in advancing basic science and technology, it is hard to see how this can continue under President Donald Trump and the country’s ascendant oligarchy. America’s rejection of Enlightenment values will have dire consequences.
predicts that Donald Trump’s second administration will be defined by its rejection of Enlightenment values.
HAIFA – Il n'y a pas si longtemps, j'ai donné une interview à un journaliste hollandais à propos de l'Iran. Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou ayant semble-t-il interdit aux membres du gouvernement de s'exprimer publiquement sur ce sujet, les journalistes n'ont d'autre choix que de se rabattre sur d'autres sources, peut-être plus "intellectuelles", mais qui ne sont pas à même d'exprimer le point de vue officiel.
Le journaliste m'a demandé premièrement si je pensais qu'Israël allait lancer une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, deuxièmement si je pensais que cela empêcherait l'Iran de parvenir à la bombe nucléaire, et troisièmement si je pensais que l'Iran risquait - s'il l'avait - de l'utiliser contre Israël. A chacune des trois questions, j'ai répondu que je n'en savais rien.
Il m'a alors demandé si le gouvernement israélien estime que les sanctions occidentales contre l'Iran sont suffisamment dissuasives. Une fois de plus j'ai avoué mon ignorance. Désespérant d'obtenir quoi que ce soit de ma part, il m'a alors demandé qu'est-ce que je savais.
J'ai rétorqué sur le champ que je savais ce qu'il faut faire pour rendre toutes ses questions caduques : reprendre sérieusement le processus de paix avec les Palestiniens et parvenir à ce qu'ils aient leur Etat, un objectif que même le gouvernement de droite israélien a officiellement adopté. Israël doit aussi arrêter l'expansion des colonies de peuplement et démanteler celles qui sont illégales. Les Iraniens seront alors contraints d'abandonner leur rhétorique enflammée et leurs sinistres menaces.
La principale question n'est pas de savoir s'il faut prendre ou pas au sérieux la menace que l'Iran fait peser sur ses voisins arabes (l'Arabie saoudite et les Etats du Golfe). Les musulmans, qu'ils soient chiites ou sunnites, doivent résoudre leurs problèmes eux-mêmes, de même que les USA et l'Europe doivent s'occuper de leurs propres intérêts. Si l'Occident estime que la puissance nucléaire iranienne représente un danger, il a les moyens économiques et militaires de supprimer cette menace sans risque pour lui-même.
Au moment de la création d'Israël, l'Iran et la Turquie, deux pays musulmans, ont reconnu le nouvel Etat. Les anciennes communautés juives ont continué à y être bien traitées, contrairement à ce qui s'est passé dans des pays arabes - et dans certains pays chrétiens - où elles ont été maltraitées et humiliées.
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Aucun soldat israélien n'a jamais tué un soldat iranien et réciproquement. Les deux pays n'ont ni frontière commune, ni conflit territorial. D'où la question suivante : faut-il prendre au sérieux les menaces iraniennes ou bien ne s'agit-il que de slogans destinés à renforcer l'unité nationale ? Car même si son régime apparaît cruel, voire fanatique, l'Iran n'est pas la Corée du Nord. On le voit dans ses films, de même que dans les manifestations qui ont suivi les élections de 2009. D'autre part les Iraniens sont tout à fait conscients de l'évolution du Moyen-Orient, notamment des conséquences du Printemps arabe sur la politique intérieure de ses voisins.
Après l'Holocauste nous devons prendre au sérieux toute déclaration agressive et irrationnelle des pays totalitaires. Je ne peux reprocher aux autorités israéliennes de menacer de bombarder les installations nucléaires iraniennes. Mais tout progrès véritable vers la paix avec les Palestiniens poussera ces derniers à se joindre aux appels à mettre fin à la marche vers la guerre. Car un conflit entre Israël et l'Iran pourrait sonner le glas de leur espoir de parvenir à un Etat indépendant.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz