La guerre terroriste affligeante que mène le Sri Lanka - une guerre à l'origine des tristement célèbres attentats suicides - montre des signes d'essoufflement dernièrement. Malheureusement, après la crise politique opposant la présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga à son Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, c'est au tour des troupes rebelles des Tigres tamouls de faire scission et de menacer de raviver la violence. Leur duel politique fut récemment aggravé quand la Présidente, inquiète de voir son Premier ministre de cohabitation " s'adoucir " vis-à-vis des rebelles, limogea trois ministres et repris leurs portefeuilles ministériels. Elle a maintenant dissout l'Assemblée parlementaire et appelé à des élections générales anticipées, trois ans avant la date prévue.
Ayant connu la guerre malaise des années 1947-1960, je me demande souvent pourquoi il est bien plus difficile de mettre un terme à la guerre du Sri Lanka. En apparence, ces deux guerres sont très semblables. En Malaisie, les ethnies chinoises se battaient contre la police et les régiments britanniques et malais, ce qui est à peu près la même chose que le combat des Tamouls contre les Cinghalais du Sri Lanka. Tout comme les Tigres Tamouls, le terrorisme des communistes malais était également condamné, mais les pertes qu'ils causèrent étaient relativement moins importantes comparées aux assassinats de masse qu'occasionnent les deux camps dans la guerre sri lankaise.
À l'époque, les tensions ethniques de la Malaisie furent à l'origine d'émeutes communautaires où Chinois et Malais trouvaient pareillement la mort. Ces émeutes, cependant, ne purent jamais dégénérer en massacre communautaire caractérisé comme c'est souvent le cas dans cette guerre sri lankaise.
Le Sri Lanka aurait-il pu profiter de l'expérience malaise ? La stratégie militaire malaise pour contenir la rébellion aurait-elle pu être importée ? Les experts britanniques essayèrent de mettre à profit leur expérience des troubles malais pour soutenir les troupes américaines au Vietnam - sans grand succès visiblement. Évidemment, l'une des raisons de cet échec tient au fait que les Nord-Vietnamiens n'étaient pas suffisamment différents des Sud-Vietnamiens pour que la formule malaise d'identification et d'isolation des communautés rebelles par ethnies puisse fonctionner. Toutefois, le cas du conflit au Sri Lanka, avec ses origines ethniques, est proche de l'expérience malaise et cette stratégie aurait peut-être pu être testée.
Autre similarité : les Britanniques représentent l'ancienne puissance coloniale dans ces deux pays. Au moment de l'indépendance, les leaders nationaux de ces deux pays ont hérité d'une législation et de pratiques administratives similaires. En fait, à l'époque où Ceylan (aujourd'hui le Sri Lanka) acquis son indépendance, son engagement envers la démocratie et le système légal de la Common law que la Malaisie.
Pourquoi, alors, les politiques multicommunautaires ont-elles fonctionné finalement en Malaisie, puis en Malaisie et à Singapour en même temps, mais ont lamentablement échoué à Ceylan ? Une des raisons majeures doit tenir au fait de l'expérience historique des Cinghalais. Pendant deux millénaires, ils durent se défendrent contre les attaques des royaumes tamouls expansionnistes du sous-continent indien. Alors que je voyageais dans le pays, admirant ses vieilles capitales, notamment celles que les rois tamouls saccagèrent, et les temples bouddhistes établis pour contrecarrer l'impact de l'hindouisme, j'ai commencé à comprendre les traumatismes endurés par les Cinghalais. Malheureusement, les Tamouls vivant aujourd'hui dans la région de Jaffna dans le nord et l'est de l'île sont probablement les descendants des Tamouls victimes des mêmes attaques de l'extérieur.
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Un autre facteur tient au fait que les Tamouls, dans l'ensemble, ont bien accueilli une succession de puissances coloniales depuis le 16ème siècle : les Portugais, les Hollandais, les Britanniques, tandis que la plupart des Cinghalais furent dominés par leur propre roi dans le royaume de Kandy jusqu'au 19ème siècle. Les prêtres bouddhistes, en particulier, qui sont les gardiens de la foi et ont exercé une grande autorité sur la vie politique sri lankaise depuis le milieu des années 1950, se sont montrés les moins affectés par les puissances coloniales. Ils sont déterminés à limiter le pouvoir des Hindous tamouls dans les affaires sri lankaises et à encourager les leaders nationaux à faire peu de concessions à l'autonomie tamoule.
De plus, le degré de rigidité dans les négociations interethniques depuis l'arrivée au pouvoir de la famille Bandaranaike (à laquelle appartient la Présidente en exercice) fut accompagné par une série de luttes partisanes chez les hommes politiques cinghalais, et non des moindres pour ceux emmenés par différents partis communistes et socialistes. Ce manque d'unité constant chez les Cinghalais a contribué à l'affaiblissement des gouvernements sri lankais, gouvernements plus fragilisés que ceux qui suivirent le retrait britannique de Kuala Lumpur et Singapour.
Ce qui est décidément différent entre Ceylan et la Malaisie, cependant, se retrouve dans le fait qu'à Ceylan, les deux principales communautés se considèrent comme autochtones, ayant toutes deux vécu sur les terres qu'ils habitent depuis plus de douze siècles.
En revanche, la péninsule malaise, et l'île de Singapour, était territoire malais (Tanah Melayu) avant l'arrivée et l'installation des premiers immigrants chinois et indiens. Les Britanniques, qui n'ont pas renversé les dirigeants malais comme ils le firent avec le roi cinghalais de Kandy, s'assurèrent dès le départ que la caractère autochtone des Malais soit constitutionnellement préservé.
Quand les Chinois reconnurent leur position d'immigrés, ils durent accepter que devenir membres à part entière de cette nouvelle nation représentait un statut qu'ils devaient mériter. Bien que la plupart des Chinois de Malaisie pensent maintenant qu'ils méritent la citoyenneté et tous les droits afférents, ils n'ont jamais insisté pour bénéficier d'une égalité absolue. En tout cas, ils n'ont jamais réclamé le statut d'autochtone sur quelque territoire que ce soit, pas même à Singapour, où l'ethnie chinoise représente les trois quarts de la population.
La tragédie du Sri Lanka nous rappelle combien les situations peuvent mal tourner quand les vieilles polities asiatiques cherchent à établir des États-nations modernes. C'est encore plus difficile quand l'héritage historique complexe nécessite sensibilité et tolérance tandis que les protagonistes sont déterminés à considérer toute concession comme une abdication.
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Although AI has great potential to bring exciting changes to education, art, medicine, robotics, and other fields, it also poses major risks, most of which are not being addressed. Judging by the response so far from political and other institutions, we can safely expect many years of instability.
offers a brief roadmap of how the technology will evolve and be deployed over the next few years.
Despite Donald Trump’s assurances that he will not seek to remove Federal Reserve Chair Jerome Powell, there is little doubt that the US president-elect aims to gain greater influence over the Fed’s decision-making. Such interference could drive up long-term interest rates, damaging the American economy.
worries about the incoming US administration’s plans to weaken the central bank’s independence.
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La guerre terroriste affligeante que mène le Sri Lanka - une guerre à l'origine des tristement célèbres attentats suicides - montre des signes d'essoufflement dernièrement. Malheureusement, après la crise politique opposant la présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga à son Premier ministre, Ranil Wickremesinghe, c'est au tour des troupes rebelles des Tigres tamouls de faire scission et de menacer de raviver la violence. Leur duel politique fut récemment aggravé quand la Présidente, inquiète de voir son Premier ministre de cohabitation " s'adoucir " vis-à-vis des rebelles, limogea trois ministres et repris leurs portefeuilles ministériels. Elle a maintenant dissout l'Assemblée parlementaire et appelé à des élections générales anticipées, trois ans avant la date prévue.
Ayant connu la guerre malaise des années 1947-1960, je me demande souvent pourquoi il est bien plus difficile de mettre un terme à la guerre du Sri Lanka. En apparence, ces deux guerres sont très semblables. En Malaisie, les ethnies chinoises se battaient contre la police et les régiments britanniques et malais, ce qui est à peu près la même chose que le combat des Tamouls contre les Cinghalais du Sri Lanka. Tout comme les Tigres Tamouls, le terrorisme des communistes malais était également condamné, mais les pertes qu'ils causèrent étaient relativement moins importantes comparées aux assassinats de masse qu'occasionnent les deux camps dans la guerre sri lankaise.
À l'époque, les tensions ethniques de la Malaisie furent à l'origine d'émeutes communautaires où Chinois et Malais trouvaient pareillement la mort. Ces émeutes, cependant, ne purent jamais dégénérer en massacre communautaire caractérisé comme c'est souvent le cas dans cette guerre sri lankaise.
Le Sri Lanka aurait-il pu profiter de l'expérience malaise ? La stratégie militaire malaise pour contenir la rébellion aurait-elle pu être importée ? Les experts britanniques essayèrent de mettre à profit leur expérience des troubles malais pour soutenir les troupes américaines au Vietnam - sans grand succès visiblement. Évidemment, l'une des raisons de cet échec tient au fait que les Nord-Vietnamiens n'étaient pas suffisamment différents des Sud-Vietnamiens pour que la formule malaise d'identification et d'isolation des communautés rebelles par ethnies puisse fonctionner. Toutefois, le cas du conflit au Sri Lanka, avec ses origines ethniques, est proche de l'expérience malaise et cette stratégie aurait peut-être pu être testée.
Autre similarité : les Britanniques représentent l'ancienne puissance coloniale dans ces deux pays. Au moment de l'indépendance, les leaders nationaux de ces deux pays ont hérité d'une législation et de pratiques administratives similaires. En fait, à l'époque où Ceylan (aujourd'hui le Sri Lanka) acquis son indépendance, son engagement envers la démocratie et le système légal de la Common law que la Malaisie.
Pourquoi, alors, les politiques multicommunautaires ont-elles fonctionné finalement en Malaisie, puis en Malaisie et à Singapour en même temps, mais ont lamentablement échoué à Ceylan ? Une des raisons majeures doit tenir au fait de l'expérience historique des Cinghalais. Pendant deux millénaires, ils durent se défendrent contre les attaques des royaumes tamouls expansionnistes du sous-continent indien. Alors que je voyageais dans le pays, admirant ses vieilles capitales, notamment celles que les rois tamouls saccagèrent, et les temples bouddhistes établis pour contrecarrer l'impact de l'hindouisme, j'ai commencé à comprendre les traumatismes endurés par les Cinghalais. Malheureusement, les Tamouls vivant aujourd'hui dans la région de Jaffna dans le nord et l'est de l'île sont probablement les descendants des Tamouls victimes des mêmes attaques de l'extérieur.
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De plus, le degré de rigidité dans les négociations interethniques depuis l'arrivée au pouvoir de la famille Bandaranaike (à laquelle appartient la Présidente en exercice) fut accompagné par une série de luttes partisanes chez les hommes politiques cinghalais, et non des moindres pour ceux emmenés par différents partis communistes et socialistes. Ce manque d'unité constant chez les Cinghalais a contribué à l'affaiblissement des gouvernements sri lankais, gouvernements plus fragilisés que ceux qui suivirent le retrait britannique de Kuala Lumpur et Singapour.
Ce qui est décidément différent entre Ceylan et la Malaisie, cependant, se retrouve dans le fait qu'à Ceylan, les deux principales communautés se considèrent comme autochtones, ayant toutes deux vécu sur les terres qu'ils habitent depuis plus de douze siècles.
En revanche, la péninsule malaise, et l'île de Singapour, était territoire malais (Tanah Melayu) avant l'arrivée et l'installation des premiers immigrants chinois et indiens. Les Britanniques, qui n'ont pas renversé les dirigeants malais comme ils le firent avec le roi cinghalais de Kandy, s'assurèrent dès le départ que la caractère autochtone des Malais soit constitutionnellement préservé.
Quand les Chinois reconnurent leur position d'immigrés, ils durent accepter que devenir membres à part entière de cette nouvelle nation représentait un statut qu'ils devaient mériter. Bien que la plupart des Chinois de Malaisie pensent maintenant qu'ils méritent la citoyenneté et tous les droits afférents, ils n'ont jamais insisté pour bénéficier d'une égalité absolue. En tout cas, ils n'ont jamais réclamé le statut d'autochtone sur quelque territoire que ce soit, pas même à Singapour, où l'ethnie chinoise représente les trois quarts de la population.
La tragédie du Sri Lanka nous rappelle combien les situations peuvent mal tourner quand les vieilles polities asiatiques cherchent à établir des États-nations modernes. C'est encore plus difficile quand l'héritage historique complexe nécessite sensibilité et tolérance tandis que les protagonistes sont déterminés à considérer toute concession comme une abdication.