PARIS – Parmi les incompréhensions attisant en permanence le débat sur l’Europe, figure en bonne part son incapacité collective à façonner le jeu mondial. Et ce au moment où elle affronte de plein fouet, un nationalisme américain inédit réduisant ses alliés à des objets encombrants, un révisionnisme russe dont la créativité cible la destruction du monde libéral et ses institutions, et une Chine décidée à hâter le pas vers le toit du monde sans égard excessif pour ceux qui voudraient l’inciter à ralentir sa marche. Pour expliquer cette absence de réactivité européenne il existe une interprétation simple et courante : les Etats européens sont cruellement divisés sur tous les sujets et peinent à agir collectivement. Pourtant, si commode soit-elle, cette explication confond causes et conséquences. Car le fond de l’affaire n’est pas là. Le fond de l’affaire est que le projet européen né en 1957 s’est construit contre l’idée de puissance.
PARIS – Parmi les incompréhensions attisant en permanence le débat sur l’Europe, figure en bonne part son incapacité collective à façonner le jeu mondial. Et ce au moment où elle affronte de plein fouet, un nationalisme américain inédit réduisant ses alliés à des objets encombrants, un révisionnisme russe dont la créativité cible la destruction du monde libéral et ses institutions, et une Chine décidée à hâter le pas vers le toit du monde sans égard excessif pour ceux qui voudraient l’inciter à ralentir sa marche. Pour expliquer cette absence de réactivité européenne il existe une interprétation simple et courante : les Etats européens sont cruellement divisés sur tous les sujets et peinent à agir collectivement. Pourtant, si commode soit-elle, cette explication confond causes et conséquences. Car le fond de l’affaire n’est pas là. Le fond de l’affaire est que le projet européen né en 1957 s’est construit contre l’idée de puissance.