SEATTLE – Les dirigeants africains et la communauté internationale se sont récemment engagés à verser 350 millions de dollars pour aider plus de 13 millions de personnes confrontées à la famine dans la Corne de l'Afrique. Cela montre qu’il est nécessaire de porter à cette situation une attention continue et d’apporter des financements pour éviter que cette tragédie ne prenne ou ne ruine davantage de vies. Mais s’il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux besoins immédiats des victimes de cette famine, nous devrions également réfléchir dès maintenant à des solutions sur le long terme, pour empêcher que des crises alimentaires de cette ampleur ne se produisent de nouveau.
Bon nombre de personnes pensent que les famines sont une manifestation des forces de la nature, sur lesquelles nous ne pouvons exercer absolument aucun contrôle. Mais le climat n’est pas le seul coupable. Les famines sont déclenchées par des événements complexes qui découlent de la gouvernance, de la sécurité, des marchés, de l'éducation et des infrastructures – lesquels sont susceptibles de subir diverses influences.
Les outils qui permettraient de prévenir les crises alimentaires en investissant sur le long terme, et de manière intelligente, dans l'agriculture, nous les avons déjà. Les trois quarts des habitants les plus pauvres de la planète cultivent leur nourriture et tirent leurs revenus en cultivant de petites parcelles de terre ; la plupart de ces modestes agriculteurs sont des femmes. Comme ils n'ont aucune marge d'erreur, ils ont besoin d’accroître leurs chances d’obtenir des récoltes. Quand les agriculteurs sont en mesure de produire plus et de gagner plus d'argent, ils résistent mieux au choc suscité par les phénomènes météorologiques violents et sont mieux à même de faire vivre leurs familles en toute autonomie.
En 2008, quand les prix alimentaires ont grimpé en flèche partout dans le monde, un vent de famine a balayé l'Éthiopie, menaçant plus de 14 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique. Oxfam Amérique, avec le soutien de la Fondation Bill and Melinda Gates, a mis en place une réponse en deux étapes à la crise. La première visait à aider 225000 agriculteurs éthiopiens en situation précaire, et elle leur a permis d’obtenir ce dont ils avaient besoin rapidement, à savoir des aliments. La deuxième étape a consisté à organiser des projets “rémunération contre travail” en vue de construire des barrages et des routes et de réhabiliter des sources d’eau, pour aider les agriculteurs à renforcer leurs petites exploitations et à être mieux préparés pour les sécheresses à venir.
Lorsque la sécheresse a de nouveau frappé cette année, ces investissements ont payé. De nombreuses familles d'agriculteurs ont été en mesure de faire face aux intempéries et de ne plus dépendre de l’aide alimentaire en attendant leurs récoltes.
Ceci n'est pas un exemple isolé ; grâce aux initiatives prises par plusieurs pays africains, qui ont fait du développement agricole une priorité, et aux efforts inlassables de nombreuses organisations internationales, de réels progrès ont été faits en matière de lutte contre la faim et la pauvreté sur le continent.
En se concentrant sur les investissements agricoles, le Ghana, à titre d’exemple, a considérablement réduit la pauvreté et la faim au cours de ces 25 dernières années. Aujourd’hui, le secteur agricole est prospère, il jouit d’une croissance de plus de 5% par an, et l’indice de faim a chuté de 75% entre 1990 et 2004.
De même, l'Éthiopie a fait de grands progrès au cours des dernières années ; en réorientant sa politique agricole ; en investissant davantage en vue d'améliorer la productivité des petits agriculteurs et pour aider à stimuler le rendement des cultures.
Quand les conditions météorologiques sont difficiles, les variétés plus robustes sont extrêmement bénéfiques pour les agriculteurs ; par exemple, plus de deux millions de petits exploitants africains tirent désormais profit de nouvelles variétés de maïs résistantes à la sécheresse. En 2016, le rendement du maïs devrait avoir augmenté de près de 30%, bénéficiant à 40 millions de personnes dans 13 pays subsahariens.
D'autres projets – y compris ceux soutenus par le programme américain Feed The Future, le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, et des organisations comme l'Alliance pour une révolution verte en Afrique – visent à développer de nouvelles manières de renforcer la productivité des petits agriculteurs dans les pays en voie de développement.
En ces temps d'intenses débats budgétaires, nous devons nous rappeler que non seulement les investissements de ce genre sauvent des vies, améliorent les moyens de subsistance et favorisent la stabilité, mais ils permettent aussi de faire des économies sur le long terme. En effet, selon les estimations, prévenir la famine coûte sept fois moins cher que les interventions d'urgence.
C'est pourquoi, plus que jamais, il est important que les donateurs internationaux et les gouvernements africains continuent de soutenir des programmes qui offrent aux petits agriculteurs un accès à des semences et des outils de qualité, et aux marchés fiables dont ils ont besoin pour devenir autonomes. Et le devoir de l’humanité est de s’assurer que cette cruelle famine restera la dernière.
Corne de l'Afrique : la dernière famine ?
SEATTLE – Les dirigeants africains et la communauté internationale se sont récemment engagés à verser 350 millions de dollars pour aider plus de 13 millions de personnes confrontées à la famine dans la Corne de l'Afrique. Cela montre qu’il est nécessaire de porter à cette situation une attention continue et d’apporter des financements pour éviter que cette tragédie ne prenne ou ne ruine davantage de vies. Mais s’il reste encore beaucoup à faire pour répondre aux besoins immédiats des victimes de cette famine, nous devrions également réfléchir dès maintenant à des solutions sur le long terme, pour empêcher que des crises alimentaires de cette ampleur ne se produisent de nouveau.
Bon nombre de personnes pensent que les famines sont une manifestation des forces de la nature, sur lesquelles nous ne pouvons exercer absolument aucun contrôle. Mais le climat n’est pas le seul coupable. Les famines sont déclenchées par des événements complexes qui découlent de la gouvernance, de la sécurité, des marchés, de l'éducation et des infrastructures – lesquels sont susceptibles de subir diverses influences.
Les outils qui permettraient de prévenir les crises alimentaires en investissant sur le long terme, et de manière intelligente, dans l'agriculture, nous les avons déjà. Les trois quarts des habitants les plus pauvres de la planète cultivent leur nourriture et tirent leurs revenus en cultivant de petites parcelles de terre ; la plupart de ces modestes agriculteurs sont des femmes. Comme ils n'ont aucune marge d'erreur, ils ont besoin d’accroître leurs chances d’obtenir des récoltes. Quand les agriculteurs sont en mesure de produire plus et de gagner plus d'argent, ils résistent mieux au choc suscité par les phénomènes météorologiques violents et sont mieux à même de faire vivre leurs familles en toute autonomie.
En 2008, quand les prix alimentaires ont grimpé en flèche partout dans le monde, un vent de famine a balayé l'Éthiopie, menaçant plus de 14 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique. Oxfam Amérique, avec le soutien de la Fondation Bill and Melinda Gates, a mis en place une réponse en deux étapes à la crise. La première visait à aider 225000 agriculteurs éthiopiens en situation précaire, et elle leur a permis d’obtenir ce dont ils avaient besoin rapidement, à savoir des aliments. La deuxième étape a consisté à organiser des projets “rémunération contre travail” en vue de construire des barrages et des routes et de réhabiliter des sources d’eau, pour aider les agriculteurs à renforcer leurs petites exploitations et à être mieux préparés pour les sécheresses à venir.
Lorsque la sécheresse a de nouveau frappé cette année, ces investissements ont payé. De nombreuses familles d'agriculteurs ont été en mesure de faire face aux intempéries et de ne plus dépendre de l’aide alimentaire en attendant leurs récoltes.
Ceci n'est pas un exemple isolé ; grâce aux initiatives prises par plusieurs pays africains, qui ont fait du développement agricole une priorité, et aux efforts inlassables de nombreuses organisations internationales, de réels progrès ont été faits en matière de lutte contre la faim et la pauvreté sur le continent.
BLACK FRIDAY SALE: Subscribe for as little as $34.99
Subscribe now to gain access to insights and analyses from the world’s leading thinkers – starting at just $34.99 for your first year.
Subscribe Now
En se concentrant sur les investissements agricoles, le Ghana, à titre d’exemple, a considérablement réduit la pauvreté et la faim au cours de ces 25 dernières années. Aujourd’hui, le secteur agricole est prospère, il jouit d’une croissance de plus de 5% par an, et l’indice de faim a chuté de 75% entre 1990 et 2004.
De même, l'Éthiopie a fait de grands progrès au cours des dernières années ; en réorientant sa politique agricole ; en investissant davantage en vue d'améliorer la productivité des petits agriculteurs et pour aider à stimuler le rendement des cultures.
Quand les conditions météorologiques sont difficiles, les variétés plus robustes sont extrêmement bénéfiques pour les agriculteurs ; par exemple, plus de deux millions de petits exploitants africains tirent désormais profit de nouvelles variétés de maïs résistantes à la sécheresse. En 2016, le rendement du maïs devrait avoir augmenté de près de 30%, bénéficiant à 40 millions de personnes dans 13 pays subsahariens.
D'autres projets – y compris ceux soutenus par le programme américain Feed The Future, le Programme mondial pour l'agriculture et la sécurité alimentaire, et des organisations comme l'Alliance pour une révolution verte en Afrique – visent à développer de nouvelles manières de renforcer la productivité des petits agriculteurs dans les pays en voie de développement.
En ces temps d'intenses débats budgétaires, nous devons nous rappeler que non seulement les investissements de ce genre sauvent des vies, améliorent les moyens de subsistance et favorisent la stabilité, mais ils permettent aussi de faire des économies sur le long terme. En effet, selon les estimations, prévenir la famine coûte sept fois moins cher que les interventions d'urgence.
C'est pourquoi, plus que jamais, il est important que les donateurs internationaux et les gouvernements africains continuent de soutenir des programmes qui offrent aux petits agriculteurs un accès à des semences et des outils de qualité, et aux marchés fiables dont ils ont besoin pour devenir autonomes. Et le devoir de l’humanité est de s’assurer que cette cruelle famine restera la dernière.
Corne de l'Afrique : la dernière famine ?