NAIROBI – En matière d'épidémies et de crises de santé publique, l'Afrique n'en est pas à son coup d'essai. Selon les estimations, le virus Ebola a tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l'Ouest en 2014-2016 et plus récemment a fait plus de 2 000 morts dans l'Est de la République démocratique du Congo. En raison de la fragilité de leurs systèmes de santé, les pays africains n'ont réussi à contrôler cette maladie mortelle qu'avec le soutien d'autres gouvernements, de l'Organisation mondiale de la santé et d'organisations non gouvernementales comme Médecins Sans Frontières.
L'Afrique a appris à ses dépens que la coopération internationale est essentielle pour sauver des vies et mettre fin aux épidémies. Mais la réponse mondiale mitigée à la pandémie actuelle de COVID-19 laisse penser que le monde risque d'oublier cette leçon.
Les gouvernements se sont concentrés avant tout sur leur situation intérieure et sur les besoins de leurs citoyens. De nombreux pays ont réagi à l'épidémie en fermant leurs frontières et en essayant de résoudre leurs propres crises sanitaires avant d'aider les autres. Mais une telle approche va avoir des conséquences secondaires. En outre, trop de gouvernements ont négligé la manière dont leurs mesures préventives pouvaient avoir des effets négatifs, en particulier sur les pays pauvres et vulnérables.
Il est vrai que l'Organisation mondiale du commerce permet à ses membres d'imposer des restrictions commerciales telles que des interdictions d'exportation dans certains cas déterminés. Mais la prolifération de telles mesures pourrait avoir une incidence négative sur la sécurité alimentaire des pays qui dépendent du commerce international pour l'essentiel de leurs besoins – en particulier un grand nombre d'économies africaines les moins développées.
Bien évidemment, le COVID-19 ne perturbe pas seulement le commerce. L'accélération de la pandémie entraîne également un bilan humain et économique choquant, d'abord et avant tout en termes de vies perdues, mais également en raison des faillites, des pertes d'emploi et des problèmes de santé mentale qui en découlent.
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Face à cela, les gouvernements n'ont pas à être rebutés par des mesures protectionnistes à court terme. Cela vaut également pour les pays africains.
Il est crucial que les décideurs politiques ne perdent pas de vue les possibilités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine, qui doit être opérationnelle dans le courant de cette année. Les gouvernements africains ont investi à juste titre beaucoup d'espoir dans la Zlecaf. En supprimant les droits de douane et les autres barrières commerciales, l'accord peut favoriser une croissance importante du commerce, des investissements et de l'emploi sur tout le continent. Le continent a un besoin urgent de cette croissance, car les exportations intra-africaines représentaient moins de 17 % des exportations totales du continent en 2017 (les chiffres comparables pour l'Europe et l'Asie étaient respectivement de 68 % et 59 %).
Cela signifie que l'interdépendance des économies africaines avec le reste du monde est essentielle à leur survie durant la pandémie, ainsi qu'à leur reprise et à leur croissance par la suite. L'Afrique doit donc être à l'avant-garde de ceux qui demandent aux membres du G-20 et aux autres gouvernements de respecter la lettre et l'esprit de leurs engagements envers l'OMC et de rejeter le protectionnisme.
Les restrictions inutiles sur les exportations de denrées alimentaires, d'équipements médicaux et de médicaments essentiels peuvent avoir des conséquences considérables sur le système commercial multilatéral et sur l'économie mondiale. Ces mesures vendraient s'opposer non seulement aux avancées dans la gestion de la crise actuelle, mais compromettraient également les efforts à long terme des pays africains dans leur lutte contre la pauvreté et dans l'amélioration de leurs niveaux de vie.
Aujourd'hui plus que jamais, les membres de l'OMC doivent donc donner plein effet à la Déclaration de Doha de l'OMC sur l'Accord sur les ADPIC et la santé publique. Cette déclaration reconnaît la fragilité des systèmes de santé des pays africains et encourage leur accès à des médicaments essentiels pour faire face aux crises de santé publique, notamment celles du VIH/SIDA, de la tuberculose, du paludisme et d'autres épidémies comme le COVID-19.
En même temps, les pays africains, pour leur part, doivent supprimer les droits de douane et simplifier les procédures de dédouanement pour les importations de médicaments et d'équipements essentiels. Lorsqu'ils font face à des crises sanitaires, ils doivent utiliser pleinement les technologies de l'information et de la communication dans la mesure du possible, faciliter l'échange d'experts africains en santé publique et impliquer le secteur privé, comme durant l'épidémie d'Ebola. En travaillant en collaboration avec les communautés économiques et les organes politiques africains existants, les gouvernements auront pour effet d'atténuer l'impact du COVID-19 et des futures crises de santé publique.
En quelques semaines, le COVID-19 a mis le monde au point mort et a fait planer la crainte sur la vie même de chacun d'entre nous. Mais ce virus nous rappelle également à quel point nous sommes tous interdépendants. Au lieu de gaspiller cette crise, la communauté internationale doit dès à présent saisir l'occasion de renforcer la coopération mondiale et de faciliter le commerce. Cela implique le rejet du protectionnisme, qui ne ferait que prolonger la pandémie et approfondir une récession mondiale déjà grave.
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Since Plato’s Republic 2,300 years ago, philosophers have understood the process by which demagogues come to power in free and fair elections, only to overthrow democracy and establish tyrannical rule. The process is straightforward, and we have now just watched it play out.
observes that philosophers since Plato have understood how tyrants come to power in free elections.
Despite being a criminal, a charlatan, and an aspiring dictator, Donald Trump has won not only the Electoral College, but also the popular vote – a feat he did not achieve in 2016 or 2020. A nihilistic voter base, profit-hungry business leaders, and craven Republican politicians are to blame.
points the finger at a nihilistic voter base, profit-hungry business leaders, and craven Republican politicians.
NAIROBI – En matière d'épidémies et de crises de santé publique, l'Afrique n'en est pas à son coup d'essai. Selon les estimations, le virus Ebola a tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l'Ouest en 2014-2016 et plus récemment a fait plus de 2 000 morts dans l'Est de la République démocratique du Congo. En raison de la fragilité de leurs systèmes de santé, les pays africains n'ont réussi à contrôler cette maladie mortelle qu'avec le soutien d'autres gouvernements, de l'Organisation mondiale de la santé et d'organisations non gouvernementales comme Médecins Sans Frontières.
L'Afrique a appris à ses dépens que la coopération internationale est essentielle pour sauver des vies et mettre fin aux épidémies. Mais la réponse mondiale mitigée à la pandémie actuelle de COVID-19 laisse penser que le monde risque d'oublier cette leçon.
Les gouvernements se sont concentrés avant tout sur leur situation intérieure et sur les besoins de leurs citoyens. De nombreux pays ont réagi à l'épidémie en fermant leurs frontières et en essayant de résoudre leurs propres crises sanitaires avant d'aider les autres. Mais une telle approche va avoir des conséquences secondaires. En outre, trop de gouvernements ont négligé la manière dont leurs mesures préventives pouvaient avoir des effets négatifs, en particulier sur les pays pauvres et vulnérables.
Par exemple, 60 gouvernements ont imposé des restrictions sur l'exportation d'équipement médical tel que les respirateurs et les équipements de protection individuelle – de plus de la moitié depuis début mars. Certains pays limitent les exportations de médicaments essentiels pour traiter les symptômes du COVID-19. Par ailleurs, un nombre croissant de pays interdisent les exportations de produits alimentaires, notamment de riz, de blé et d'œufs, afin de garantir la sécurité alimentaire de leur propre pays.
Il est vrai que l'Organisation mondiale du commerce permet à ses membres d'imposer des restrictions commerciales telles que des interdictions d'exportation dans certains cas déterminés. Mais la prolifération de telles mesures pourrait avoir une incidence négative sur la sécurité alimentaire des pays qui dépendent du commerce international pour l'essentiel de leurs besoins – en particulier un grand nombre d'économies africaines les moins développées.
Bien évidemment, le COVID-19 ne perturbe pas seulement le commerce. L'accélération de la pandémie entraîne également un bilan humain et économique choquant, d'abord et avant tout en termes de vies perdues, mais également en raison des faillites, des pertes d'emploi et des problèmes de santé mentale qui en découlent.
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Face à cela, les gouvernements n'ont pas à être rebutés par des mesures protectionnistes à court terme. Cela vaut également pour les pays africains.
Il est crucial que les décideurs politiques ne perdent pas de vue les possibilités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine, qui doit être opérationnelle dans le courant de cette année. Les gouvernements africains ont investi à juste titre beaucoup d'espoir dans la Zlecaf. En supprimant les droits de douane et les autres barrières commerciales, l'accord peut favoriser une croissance importante du commerce, des investissements et de l'emploi sur tout le continent. Le continent a un besoin urgent de cette croissance, car les exportations intra-africaines représentaient moins de 17 % des exportations totales du continent en 2017 (les chiffres comparables pour l'Europe et l'Asie étaient respectivement de 68 % et 59 %).
Cela signifie que l'interdépendance des économies africaines avec le reste du monde est essentielle à leur survie durant la pandémie, ainsi qu'à leur reprise et à leur croissance par la suite. L'Afrique doit donc être à l'avant-garde de ceux qui demandent aux membres du G-20 et aux autres gouvernements de respecter la lettre et l'esprit de leurs engagements envers l'OMC et de rejeter le protectionnisme.
Les restrictions inutiles sur les exportations de denrées alimentaires, d'équipements médicaux et de médicaments essentiels peuvent avoir des conséquences considérables sur le système commercial multilatéral et sur l'économie mondiale. Ces mesures vendraient s'opposer non seulement aux avancées dans la gestion de la crise actuelle, mais compromettraient également les efforts à long terme des pays africains dans leur lutte contre la pauvreté et dans l'amélioration de leurs niveaux de vie.
Aujourd'hui plus que jamais, les membres de l'OMC doivent donc donner plein effet à la Déclaration de Doha de l'OMC sur l'Accord sur les ADPIC et la santé publique. Cette déclaration reconnaît la fragilité des systèmes de santé des pays africains et encourage leur accès à des médicaments essentiels pour faire face aux crises de santé publique, notamment celles du VIH/SIDA, de la tuberculose, du paludisme et d'autres épidémies comme le COVID-19.
En même temps, les pays africains, pour leur part, doivent supprimer les droits de douane et simplifier les procédures de dédouanement pour les importations de médicaments et d'équipements essentiels. Lorsqu'ils font face à des crises sanitaires, ils doivent utiliser pleinement les technologies de l'information et de la communication dans la mesure du possible, faciliter l'échange d'experts africains en santé publique et impliquer le secteur privé, comme durant l'épidémie d'Ebola. En travaillant en collaboration avec les communautés économiques et les organes politiques africains existants, les gouvernements auront pour effet d'atténuer l'impact du COVID-19 et des futures crises de santé publique.
En quelques semaines, le COVID-19 a mis le monde au point mort et a fait planer la crainte sur la vie même de chacun d'entre nous. Mais ce virus nous rappelle également à quel point nous sommes tous interdépendants. Au lieu de gaspiller cette crise, la communauté internationale doit dès à présent saisir l'occasion de renforcer la coopération mondiale et de faciliter le commerce. Cela implique le rejet du protectionnisme, qui ne ferait que prolonger la pandémie et approfondir une récession mondiale déjà grave.