LONDRES – Le FMI a ouvert fin mai sa base de données sur l'endettement dans le monde. Pour la première fois, les statisticiens du Fonds ont réuni un ensemble de données très complètes sur l'endettement public et privé de 190 pays depuis 1950. Il s'agit là d'un travail impressionnant.
Les principaux chiffres sont frappants. La dette mondiale a atteint un nouveau record, 2,5 fois le PIB mondial, alors que le record précédent était de 2,13 fois le PIB en 2009. Ainsi que le souligne le FMI, il n'y a pas eu désendettement depuis la crise financière de 2007-2008. Dans certains pays, la composition de la dette a changé, la dette publique prenant la place de la dette privée lors de la récession qui a suivi la crise, mais ce basculement de la dette du privé vers le public est presque à l'arrêt.
Est-ce préoccupant ? Peut-être pas du point de vue global. Dans une période de croissance vigoureuse presque partout, les marchés financiers ne s'inquiètent pas trop de la solvabilité de la dette. Les taux d'intérêt à long terme restent remarquablement bas. Mais les statistiques semblent conforter l'hypothèse selon laquelle le maintien d'un taux de croissance donné exige un endettement plus important que dans le passé.
Cela tient peut-être en partie au gain de pouvoir d'achat de ceux qui peuvent épargner, les bénéficiaires du creusement des inégalités dans les pays développés. Cette tendance est depuis peu à la baisse, mais ses effets se font encore sentir. Il semble aussi que la croissance de la productivité fléchisse, ce qui fait qu'un investissement donné rapporte moins qu'auparavant.
Le FMI recommande aux différents Etats de "réparer le toit quand il ne pleut pas", autrement dit de réaliser un excédent budgétaire, ou à tout le moins réduire les déficits quand l'économie tourne rond, de manière à pouvoir faire face au prochain ralentissement. Il va inévitablement se produire un jour ou l'autre. Le redressement actuel n'étant pas encore arrivé à son terme, cela pourrait introduire un coin entre le FMI et le gouvernement américain qui a décidé de réduire les impôts, ainsi qu'entre le FMI et le nouveau gouvernement italien. Si le programme grandiose de ce dernier en faveur d'un revenu minimum et d'une augmentation des investissements publics est appliqué, il pourrait se trouver en position difficile pour négocier avec le Fonds. Au cours des dernières années ce dernier a accordé des prêts à la Grèce, mais c'est très bientôt l'Italie qui pourrait appeler à l'aide.
Autre question qui se pose dans chaque pays aux autorités en charge de la stabilité financière: que faire si la croissance de la dette tient essentiellement au secteur privé ?
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Depuis la crise, les régulateurs ont désormais à leur disposition toute une palette d'outils macroprudentiels et les banques doivent répondre à des exigences bien plus importantes en terme de fonds propres. L'idée est que les régulateurs puissent augmenter les exigences en capitaux à l'égard des banques de manière à restreindre l'offre de crédit avant qu'elle n'atteigne un niveau dangereux. Cette hausse des exigences peut avoir un caractère général ou bien concerner un secteur particulier, par exemple celui des prêts immobiliers si la hausse des prix dans ce secteur devient inquiétante. Une alternative consisterait à imposer un maximum au montant d'un prêt immobilier par rapport à la valeur du bien acheté, ou encore à fixer un montant minimum du versement initial lors de l'acquisition d'un bien immobilier.
De nouvelles autorités sont chargées de surveiller l'utilisation de ces nouveaux outils macroprudentiels. Le Conseil européen du risque systémique (présidé par Mario Draghi, le président de la BCE, la Banque centrale européenne), remplit cette fonction dans l'UE et le Comité de politique financière de la Banque d'Angleterre a autorité au Royaume-Uni, ceci bien que le gouverneur de la Banque d'Angleterre soit aussi vice-président du Conseil européen du risque systémique. Mais va-t-il conserver cette position après le Brexit ? Aux USA, le FSOC (Financial Stability Oversight Council, Conseil de surveillance de la stabilité financière) joue le rôle de coordinateur.
Mais il y a des différences importantes entre ces institutions. Le Comité de politique financière de la Banque d'Angleterre est d'une certaine manière le plus puissant des trois, car il peut imposer aux banques du Royaume-Uni de détenir des réserves de fonds propres contracycliques, ce qu'il a déjà menacé de faire. Durant toute une période, il a estimé que le volume des prêts non garantis accordés aux particuliers augmentait trop rapidement.
Le Conseil européen du risque systémique ne peut agir à sa guise, mais surveille de prés les pays membres de l'UE et de l'Association européenne de libre-échange. Il publie régulièrement des comptes-rendus dont le plus récent, du mois dernier, montre que la Suède, la Norvège, l'Islande, la République tchèque et la Slovaquie ont des exigences en capitaux propres supplémentaires à l'égard des banques face aux risques du crédit. Et depuis quelques jours la France fait de même. Dans la zone euro, c'est la BCE qui joue le rôle de superviseur, Draghi peut donc changer de casquette et agir directement.
La position des USA est moins claire. Le FSOC y joue le rôle de coordinateur, et non de régulateur disposant d'un pouvoir spécifique. Il n'a aucune autorité sur ses membres et ne peut leur imposer de détenir des réserves de fonds propres contracycliques. Les tribunaux ont bloqué ses tentatives de classer les grandes compagnies d'assurances américaines parmi les entreprises d'importance systémique au niveau international. Au sein de la Réserve fédérale, certains souhaiteraient qu'il en soit autrement et reconnaissent que sans le soutien du FSOC (présidé par le secrétaire au Trésor), il leur serait difficile, sinon impossible, d'utiliser les outils macroprudentiels.
Il faut donc espérer que les exigences en capital du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire qu'imposent les différents régulateurs bancaires américains sont judicieuses. Jusqu'à présent les ratios de fonds propres n'ont pas diminué, bien que d'autres projets de dérégulation proposés par des gens nommés par Trump dans diverses agences soient envisagés. Des mesures macroprudentielles peuvent se révéler efficaces comme en Slovaquie, mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elles soient utilisées là où elles seraient le plus nécessaire, dans le plus grand marché financier mondial.
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Since Plato’s Republic 2,300 years ago, philosophers have understood the process by which demagogues come to power in free and fair elections, only to overthrow democracy and establish tyrannical rule. The process is straightforward, and we have now just watched it play out.
observes that philosophers since Plato have understood how tyrants come to power in free elections.
Despite being a criminal, a charlatan, and an aspiring dictator, Donald Trump has won not only the Electoral College, but also the popular vote – a feat he did not achieve in 2016 or 2020. A nihilistic voter base, profit-hungry business leaders, and craven Republican politicians are to blame.
points the finger at a nihilistic voter base, profit-hungry business leaders, and craven Republican politicians.
LONDRES – Le FMI a ouvert fin mai sa base de données sur l'endettement dans le monde. Pour la première fois, les statisticiens du Fonds ont réuni un ensemble de données très complètes sur l'endettement public et privé de 190 pays depuis 1950. Il s'agit là d'un travail impressionnant.
Les principaux chiffres sont frappants. La dette mondiale a atteint un nouveau record, 2,5 fois le PIB mondial, alors que le record précédent était de 2,13 fois le PIB en 2009. Ainsi que le souligne le FMI, il n'y a pas eu désendettement depuis la crise financière de 2007-2008. Dans certains pays, la composition de la dette a changé, la dette publique prenant la place de la dette privée lors de la récession qui a suivi la crise, mais ce basculement de la dette du privé vers le public est presque à l'arrêt.
Est-ce préoccupant ? Peut-être pas du point de vue global. Dans une période de croissance vigoureuse presque partout, les marchés financiers ne s'inquiètent pas trop de la solvabilité de la dette. Les taux d'intérêt à long terme restent remarquablement bas. Mais les statistiques semblent conforter l'hypothèse selon laquelle le maintien d'un taux de croissance donné exige un endettement plus important que dans le passé.
Cela tient peut-être en partie au gain de pouvoir d'achat de ceux qui peuvent épargner, les bénéficiaires du creusement des inégalités dans les pays développés. Cette tendance est depuis peu à la baisse, mais ses effets se font encore sentir. Il semble aussi que la croissance de la productivité fléchisse, ce qui fait qu'un investissement donné rapporte moins qu'auparavant.
Le FMI recommande aux différents Etats de "réparer le toit quand il ne pleut pas", autrement dit de réaliser un excédent budgétaire, ou à tout le moins réduire les déficits quand l'économie tourne rond, de manière à pouvoir faire face au prochain ralentissement. Il va inévitablement se produire un jour ou l'autre. Le redressement actuel n'étant pas encore arrivé à son terme, cela pourrait introduire un coin entre le FMI et le gouvernement américain qui a décidé de réduire les impôts, ainsi qu'entre le FMI et le nouveau gouvernement italien. Si le programme grandiose de ce dernier en faveur d'un revenu minimum et d'une augmentation des investissements publics est appliqué, il pourrait se trouver en position difficile pour négocier avec le Fonds. Au cours des dernières années ce dernier a accordé des prêts à la Grèce, mais c'est très bientôt l'Italie qui pourrait appeler à l'aide.
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De nouvelles autorités sont chargées de surveiller l'utilisation de ces nouveaux outils macroprudentiels. Le Conseil européen du risque systémique (présidé par Mario Draghi, le président de la BCE, la Banque centrale européenne), remplit cette fonction dans l'UE et le Comité de politique financière de la Banque d'Angleterre a autorité au Royaume-Uni, ceci bien que le gouverneur de la Banque d'Angleterre soit aussi vice-président du Conseil européen du risque systémique. Mais va-t-il conserver cette position après le Brexit ? Aux USA, le FSOC (Financial Stability Oversight Council, Conseil de surveillance de la stabilité financière) joue le rôle de coordinateur.
Mais il y a des différences importantes entre ces institutions. Le Comité de politique financière de la Banque d'Angleterre est d'une certaine manière le plus puissant des trois, car il peut imposer aux banques du Royaume-Uni de détenir des réserves de fonds propres contracycliques, ce qu'il a déjà menacé de faire. Durant toute une période, il a estimé que le volume des prêts non garantis accordés aux particuliers augmentait trop rapidement.
Le Conseil européen du risque systémique ne peut agir à sa guise, mais surveille de prés les pays membres de l'UE et de l'Association européenne de libre-échange. Il publie régulièrement des comptes-rendus dont le plus récent, du mois dernier, montre que la Suède, la Norvège, l'Islande, la République tchèque et la Slovaquie ont des exigences en capitaux propres supplémentaires à l'égard des banques face aux risques du crédit. Et depuis quelques jours la France fait de même. Dans la zone euro, c'est la BCE qui joue le rôle de superviseur, Draghi peut donc changer de casquette et agir directement.
La position des USA est moins claire. Le FSOC y joue le rôle de coordinateur, et non de régulateur disposant d'un pouvoir spécifique. Il n'a aucune autorité sur ses membres et ne peut leur imposer de détenir des réserves de fonds propres contracycliques. Les tribunaux ont bloqué ses tentatives de classer les grandes compagnies d'assurances américaines parmi les entreprises d'importance systémique au niveau international. Au sein de la Réserve fédérale, certains souhaiteraient qu'il en soit autrement et reconnaissent que sans le soutien du FSOC (présidé par le secrétaire au Trésor), il leur serait difficile, sinon impossible, d'utiliser les outils macroprudentiels.
Il faut donc espérer que les exigences en capital du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire qu'imposent les différents régulateurs bancaires américains sont judicieuses. Jusqu'à présent les ratios de fonds propres n'ont pas diminué, bien que d'autres projets de dérégulation proposés par des gens nommés par Trump dans diverses agences soient envisagés. Des mesures macroprudentielles peuvent se révéler efficaces comme en Slovaquie, mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elles soient utilisées là où elles seraient le plus nécessaire, dans le plus grand marché financier mondial.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz