ACCRA – Au cours des dernières années, l'intérêt des médias pour le sujet a incité un nombre croissant d'entreprises à rechercher des crédits carbone de très grande qualité. Pour éviter d'être accusées d'écoblanchiment, beaucoup d'entre elles ne se contentent plus de compenser leurs émissions de carbone, elles veulent acquérir des crédits carbone porteurs de bénéfices tangibles pour les communautés locales.
Le gouvernement ghanéen est disposé à aider au développement des crédits carbone, notamment pour lutter contre la déforestation. Nous avons consacré plus de 15 ans à construire un véritable programme de protection des forêts. Après une longue planification et beaucoup de préparation, nous sommes disposés à proposer des crédits carbone "à haute intégrité" aux acheteurs du Nord global qui veulent montrer leur engagement dans la lutte contre la déforestation.
Il est vrai que plusieurs programmes de protection des forêts ont été critiqués ces dernières années. L'argument est le suivant: au lieu de réduire la déforestation, ces compensations visent principalement à servir les intérêts des entreprises à la recherche de crédits carbone pour atteindre leurs objectifs en matière de climat et valider leurs déclarations de neutralité carbone.
Mais les programmes juridictionnels comme celui du Ghana sont différents. Conçues pour réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, ces initiatives couvrent de vastes zones et traitent certains des problèmes auxquels sont confrontés les projets individuels. Ainsi elles atténuent le risque de déforestation illégale en dehors des zones de conservation désignées.
Le concept n'est pas nouveau. L'article 5 de l'accord de Paris de 2015 sur le climat incite les pays développés à proposer aux pays en développement un financement liés aux résultats qu'ils ont obtenu en matière de réduction des émissions. Au cours des deux dernières décennies, les approches juridictionnelles de protection des forêts ont été largement financées par des donateurs publics. Les entreprises quant à elles ont privilégié le soutien à des projets spécifiques de réduction des émissions dans le cadre du marché volontaire du carbone [marché dans lequel les entreprises achètent des crédits carbone pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre]. Mais cette situation est en train de changer, des pays comme le Ghana ouvrent la voie.
Située dans les forêts guinéennes d'Afrique de l'Ouest, la zone de haute forêt du Ghana est l'un des 36 points chauds de la biodiversité dans le monde [région riche en espèces, mais qui sont très menacées]. En 2008, une augmentation alarmante de la déforestation a incité le Ghana à rejoindre le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF, Forest Carbon Partnership Facility) et à développer un programme de protection des forêt. Ce dernier lui permet d'utiliser la finance carbone pour arrêter et inverser le processus de déforestation.
Grâce au soutien financier du FCPF, de la Banque mondiale et du Fonds vert pour le climat, nous avons identifié cinq domaines d'intervention critiques liés aux produits de base. Avec l'engagement des communautés, nos équipes ont élaboré des stratégies de partage des bénéfices adaptées aux besoins des différentes parties prenantes. Elles ont également mis au point des technologies de mesure spécialisées qui permettent un suivi plus précis du carbone stocké dans les forêts ghanéennes.
Après avoir passé près de vingt ans à poser les bases techniques nécessaires et à établir des relations avec les communautés locales, le Ghana est récemment entré sur le marché volontaire du carbone. Nous nous préparons à émettre des crédits de carbone juridictionnels dans le cadre du programme d'Architecture pour les transactions REDD+ encore appelé ART. Cela permettra aux entreprises nationales et internationales de soutenir nos efforts de conservation.
Nous voulons transformer les crédits carbone en source de revenus à long terme. Pour cela, le Ghana est devenu depuis peu l'un des premiers pays à signer un accord de réduction des émissions avec la coalition LEAF (Lowering Emissions by Accelerating Forest Finance, autrement dit, "diminuer les émissions de dioxyde de carbone en accélèrent le financement en faveur de la forêt"). Dans le cadre de cet accord, le Ghana devrait recevoir 50 millions de dollars pour réduire ses émissions de cinq millions de tonnes.
Si les acheteurs des pays du Nord considèrent les crédits carbone comme un moyen d'atteindre leurs objectifs climatiques, pour le Ghana ils représentent un changement plus profond. Les revenus générés par ces crédits se traduisent par des revenus tangibles pour les communautés locales, ce qui permet aux familles de bénéficier financièrement de la préservation des forêts. Ces crédits sont plus qu'une ressource financière ; ils témoignent d'années de travail consacré à l'environnement.
Mais pour que ce programme soit efficace, les acheteurs doivent reconnaître que l'intégrité des crédits carbone suppose un investissement substantiel. Les crédits de haute qualité devraient faire plus que soutenir la stratégie climatique des entreprises, ils devraient également contribuer à la préservation des forêts partout dans le monde.
Il s'agit essentiellement d'inciter financièrement les communautés à protéger les arbres au lieu de les abattre. L'accord LEAF qui évalue les émissions de CO2 à 10 dollars/tonne constitue un premier pas dans la bonne direction; mais il n'est pas suffisant, car les coupes de bois illégales sont plus rentables.
Etant donné que le prix du carbone semble être conçu par et pour la demande, les acheteurs du Nord global devraient consulter des pays comme le Ghana pour comprendre ce qu'est le véritable coût de la production de crédits à haute intégrité. Se basant sur toute notre expérience de la lutte contre la déforestation, nous pensons que leur prix doit prendre en compte tout le travail de préparation nécessaire, et surtout dépasser les sommes versés aux personnes qui coupent le bois ou exploitent des mines en toute illégalité.
Il ne faut pas confondre les crédits carbone - de première importance pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C - et l'aide financière que les pays donateurs accordent en fonction de leur propre évaluation de ce qu'ils peuvent ou devraient donner. Les crédits carbone sont plutôt des paiements pour la réduction des émissions. Des pays comme le Ghana ont réussi à les mettre en circulation à l'issue d'un grand travail. Les acheteurs potentiels devraient constater par eux-mêmes les défis auxquels nous faisons face en combattant la déforestation, et discuter ensuite d'un prix qui reflète la valeur réelle du travail que nous avons accompli.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
ACCRA – Au cours des dernières années, l'intérêt des médias pour le sujet a incité un nombre croissant d'entreprises à rechercher des crédits carbone de très grande qualité. Pour éviter d'être accusées d'écoblanchiment, beaucoup d'entre elles ne se contentent plus de compenser leurs émissions de carbone, elles veulent acquérir des crédits carbone porteurs de bénéfices tangibles pour les communautés locales.
Le gouvernement ghanéen est disposé à aider au développement des crédits carbone, notamment pour lutter contre la déforestation. Nous avons consacré plus de 15 ans à construire un véritable programme de protection des forêts. Après une longue planification et beaucoup de préparation, nous sommes disposés à proposer des crédits carbone "à haute intégrité" aux acheteurs du Nord global qui veulent montrer leur engagement dans la lutte contre la déforestation.
Il est vrai que plusieurs programmes de protection des forêts ont été critiqués ces dernières années. L'argument est le suivant: au lieu de réduire la déforestation, ces compensations visent principalement à servir les intérêts des entreprises à la recherche de crédits carbone pour atteindre leurs objectifs en matière de climat et valider leurs déclarations de neutralité carbone.
Mais les programmes juridictionnels comme celui du Ghana sont différents. Conçues pour réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, ces initiatives couvrent de vastes zones et traitent certains des problèmes auxquels sont confrontés les projets individuels. Ainsi elles atténuent le risque de déforestation illégale en dehors des zones de conservation désignées.
Le concept n'est pas nouveau. L'article 5 de l'accord de Paris de 2015 sur le climat incite les pays développés à proposer aux pays en développement un financement liés aux résultats qu'ils ont obtenu en matière de réduction des émissions. Au cours des deux dernières décennies, les approches juridictionnelles de protection des forêts ont été largement financées par des donateurs publics. Les entreprises quant à elles ont privilégié le soutien à des projets spécifiques de réduction des émissions dans le cadre du marché volontaire du carbone [marché dans lequel les entreprises achètent des crédits carbone pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre]. Mais cette situation est en train de changer, des pays comme le Ghana ouvrent la voie.
Située dans les forêts guinéennes d'Afrique de l'Ouest, la zone de haute forêt du Ghana est l'un des 36 points chauds de la biodiversité dans le monde [région riche en espèces, mais qui sont très menacées]. En 2008, une augmentation alarmante de la déforestation a incité le Ghana à rejoindre le Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF, Forest Carbon Partnership Facility) et à développer un programme de protection des forêt. Ce dernier lui permet d'utiliser la finance carbone pour arrêter et inverser le processus de déforestation.
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Grâce au soutien financier du FCPF, de la Banque mondiale et du Fonds vert pour le climat, nous avons identifié cinq domaines d'intervention critiques liés aux produits de base. Avec l'engagement des communautés, nos équipes ont élaboré des stratégies de partage des bénéfices adaptées aux besoins des différentes parties prenantes. Elles ont également mis au point des technologies de mesure spécialisées qui permettent un suivi plus précis du carbone stocké dans les forêts ghanéennes.
Après avoir passé près de vingt ans à poser les bases techniques nécessaires et à établir des relations avec les communautés locales, le Ghana est récemment entré sur le marché volontaire du carbone. Nous nous préparons à émettre des crédits de carbone juridictionnels dans le cadre du programme d'Architecture pour les transactions REDD+ encore appelé ART. Cela permettra aux entreprises nationales et internationales de soutenir nos efforts de conservation.
Nous voulons transformer les crédits carbone en source de revenus à long terme. Pour cela, le Ghana est devenu depuis peu l'un des premiers pays à signer un accord de réduction des émissions avec la coalition LEAF (Lowering Emissions by Accelerating Forest Finance, autrement dit, "diminuer les émissions de dioxyde de carbone en accélèrent le financement en faveur de la forêt"). Dans le cadre de cet accord, le Ghana devrait recevoir 50 millions de dollars pour réduire ses émissions de cinq millions de tonnes.
Si les acheteurs des pays du Nord considèrent les crédits carbone comme un moyen d'atteindre leurs objectifs climatiques, pour le Ghana ils représentent un changement plus profond. Les revenus générés par ces crédits se traduisent par des revenus tangibles pour les communautés locales, ce qui permet aux familles de bénéficier financièrement de la préservation des forêts. Ces crédits sont plus qu'une ressource financière ; ils témoignent d'années de travail consacré à l'environnement.
Mais pour que ce programme soit efficace, les acheteurs doivent reconnaître que l'intégrité des crédits carbone suppose un investissement substantiel. Les crédits de haute qualité devraient faire plus que soutenir la stratégie climatique des entreprises, ils devraient également contribuer à la préservation des forêts partout dans le monde.
Il s'agit essentiellement d'inciter financièrement les communautés à protéger les arbres au lieu de les abattre. L'accord LEAF qui évalue les émissions de CO2 à 10 dollars/tonne constitue un premier pas dans la bonne direction; mais il n'est pas suffisant, car les coupes de bois illégales sont plus rentables.
Etant donné que le prix du carbone semble être conçu par et pour la demande, les acheteurs du Nord global devraient consulter des pays comme le Ghana pour comprendre ce qu'est le véritable coût de la production de crédits à haute intégrité. Se basant sur toute notre expérience de la lutte contre la déforestation, nous pensons que leur prix doit prendre en compte tout le travail de préparation nécessaire, et surtout dépasser les sommes versés aux personnes qui coupent le bois ou exploitent des mines en toute illégalité.
Il ne faut pas confondre les crédits carbone - de première importance pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C - et l'aide financière que les pays donateurs accordent en fonction de leur propre évaluation de ce qu'ils peuvent ou devraient donner. Les crédits carbone sont plutôt des paiements pour la réduction des émissions. Des pays comme le Ghana ont réussi à les mettre en circulation à l'issue d'un grand travail. Les acheteurs potentiels devraient constater par eux-mêmes les défis auxquels nous faisons face en combattant la déforestation, et discuter ensuite d'un prix qui reflète la valeur réelle du travail que nous avons accompli.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz