YORK – Il y a 66 millions d'années, un corps céleste s'est écrasé sur la Terre et a éliminé les dinosaures. Suite à cela, il y a eu assez de place pour la croissance des mammifères et, par la suite, pour l'évolution d'un primate bipède, sachant manier des outils et linguistiquement capable, disposant d'un pouvoir, comme certains le soutiennent, d'avoir un impact de transformation quasiment aussi fort sur la planète que ce corps céleste. Alors que nous entrons dans ce que l'on appelle l'ère anthropocène, dans laquelle l'activité humaine a une influence dominante sur le climat et sur l'environnement, nous devons examiner de près - et en nuances - notre manière d'utiliser ce pouvoir.
De nombreuses personnes pensent que le monde devient de plus en plus « artificiel » - corrompu par l'humanité. Mais étant donné que les humains ont évolué dans le système biologique du monde, tout ce que nous faisons - le massacre des espèces, la déforestation, la pollution de l'atmosphère - peut être considéré comme produit naturel du processus d'évolution.
Si l'on suit ce raisonnement, le monde ne devient pas moins naturel lorsque nous le changeons. On pourrait soutenir que les écologistes et les protecteurs de la nature, dans leurs efforts de renvoyer l'environnement à une version passée de lui-même, luttent contre la nature. La réalité du monde d'aujourd'hui est qu'il est impossible de séparer complètement l'humain des influences non-humaines sur les communautés biologiques.
Dans toute l'histoire de la vie sur Terre, les processus écologiques et évolutionnaires ont été les moyens par lesquels le monde biologique survit aux altérations de l'environnement. Au lieu de résister automatiquement à un tel changement, les écologistes et les protecteurs de la nature devraient distinguer le « bon changement » du « mauvais changement. » Le défi consiste à définir ce qui est bon et ce qui mauvais.
La plupart des personnes s'accordent en principe sur le fait que l'extinction complète des espèces est une mauvaise chose. Cependant, quand il s'agit du déclin de quelques espèces (par exemple certains oiseaux des îles sensibles à certaines maladies), nous pouvons choisir de ne pas intervenir, notamment parce que, normalement, il serait difficile de résister à leur remplacement par les modèles « supérieurs » d'un point de vue évolutionniste (tels que les oiseaux résistants aux agents pathogènes). Je plaiderais personnellement en faveur de l'extinction des agents pathogènes humains les plus virulents.
Néanmoins, conserver autant d'espèces que possible est une démarche sensée. Puisque les descendants des espèces vivantes d'aujourd'hui continueront de comporter tous les futurs écosystèmes - formés quand les humains ou les processus planétaires produisent de nouvelles conditions - il y a un avantage clair à avoir plus de variétés de cette sorte. En effet, plus d'espèces fonctionnent comme des « pièces de rechange » pour l'environnement et la conservation représente une sorte de police d'assurance environnementale à long terme.
Le transport des espèces dans de nouveaux écosystèmes reste plus controversé. Les jardiniers aiment peut-être planter des espèces exotiques dans leurs jardins, mais les communautés considèrent souvent les plantes « étrangères » qui commencent à se développer dans la campagne comme invasives - un écart dangereux par rapport au passé. Parfois, ces plantes sont trempées dans des herbicides, la plupart du temps en vain.
La résistance à de tels changements est si forte que le Royaume-Uni a attendu près de 1 000 ans avant de considérer une espèce comme le lapin, comme étant autochtone. En Australie, il y a un débat au sujet du dingo - introduit il y a des milliers d'années - pour savoir s'il doit être considéré comme autochtone.
Pourtant jusqu'ici, près de 2 000 espèces de plantes et animaux d'origine étrangère au Royaume-Uni n'ont directement causé l'extinction d'aucune espèce autochtone, certaines n'ayant causé que très peu de tort sinon aucun. En fait, l'importation et la diffusion d'espèces immigrées a augmenté la diversité biologique dans la plupart des régions du monde ces derniers siècles. Ces augmentations régionales - comprenant une augmentation de 20 % du nombre d'espèces de plantes sauvages qui poussent dans les pays européens et aux États-Unis, et un doublement des espèces de plantes dans l'archipel hawaïen et dans d'autres îles du Pacifique - pourraient être interprétées comme un développement positif.
Ceci étant donné - ainsi que l'aspect peu pratique de tenter de rapatrier la plupart des espèces étrangères - les nouveaux venus devraient être acceptés plus ou moins immédiatement. Cela semble certainement plus de raisonnable que de s'engager dans des débats longs de plusieurs millénaires à leur sujet, au nom de certaines versions idéalisées du monde naturel.
Il n'y a pas de retour possible, parce que les espèces entièrement nouvelles continuent d'apparaître, en particulier par l'hybridation des espèces transportées. De nouvelles plantes hybrides - telles que les spartinas et les mimules - ont évolué plutôt au Royaume-Uni au cours des trois derniers siècles qu'elles n'ont disparu dans toute l'Europe au cours de la même période (selon les chiffres existants). La situation est semblable en Amérique du Nord.
Cette évolution de nouvelles espèces associées à l'humain signifie que, dans l'ère Anthropocène, nous sommes effectivement des créateurs de la nouvelle diversité biologique aussi bien que des destructeurs de l'ancienne. Nous ne dépendons plus simplement de la planète : à présent, nous la modelons aussi bien.
Une fois ceci reconnu, nous devrions certainement résister aux changements qui sont sans équivoque « mauvais. » Mais quand il s'agit des changements biologiques qui permettront à certaines espèces de s'ajuster aux changements environnementaux - le processus par lequel les espèces ont toujours survécu - nous devrions adopter une approche plus tolérante et plus proactive.
Comme je le soutiens dans mon dernier livre Inheritors of the Earth: How Nature is Thriving in an Age of Extinction, nous vivons dans un nouveau « monde naturel. » Ce monde est toujours déterminé par le même dynamisme écologique et évolutionnaire. La différence est que ce dynamisme est à préesnt alimenté en grande partie par les activités d'une population humaine de 7,6 milliards d'individus (et ce chiffre continue d'augmenter). Les espèces vont entrer dans de nouveaux environnements créés par l'homme et vont évoluer à côté de nous. Nous devrions les laisser faire. Peut-être devrions-nous même les aider.
YORK – Il y a 66 millions d'années, un corps céleste s'est écrasé sur la Terre et a éliminé les dinosaures. Suite à cela, il y a eu assez de place pour la croissance des mammifères et, par la suite, pour l'évolution d'un primate bipède, sachant manier des outils et linguistiquement capable, disposant d'un pouvoir, comme certains le soutiennent, d'avoir un impact de transformation quasiment aussi fort sur la planète que ce corps céleste. Alors que nous entrons dans ce que l'on appelle l'ère anthropocène, dans laquelle l'activité humaine a une influence dominante sur le climat et sur l'environnement, nous devons examiner de près - et en nuances - notre manière d'utiliser ce pouvoir.
De nombreuses personnes pensent que le monde devient de plus en plus « artificiel » - corrompu par l'humanité. Mais étant donné que les humains ont évolué dans le système biologique du monde, tout ce que nous faisons - le massacre des espèces, la déforestation, la pollution de l'atmosphère - peut être considéré comme produit naturel du processus d'évolution.
Si l'on suit ce raisonnement, le monde ne devient pas moins naturel lorsque nous le changeons. On pourrait soutenir que les écologistes et les protecteurs de la nature, dans leurs efforts de renvoyer l'environnement à une version passée de lui-même, luttent contre la nature. La réalité du monde d'aujourd'hui est qu'il est impossible de séparer complètement l'humain des influences non-humaines sur les communautés biologiques.
Dans toute l'histoire de la vie sur Terre, les processus écologiques et évolutionnaires ont été les moyens par lesquels le monde biologique survit aux altérations de l'environnement. Au lieu de résister automatiquement à un tel changement, les écologistes et les protecteurs de la nature devraient distinguer le « bon changement » du « mauvais changement. » Le défi consiste à définir ce qui est bon et ce qui mauvais.
La plupart des personnes s'accordent en principe sur le fait que l'extinction complète des espèces est une mauvaise chose. Cependant, quand il s'agit du déclin de quelques espèces (par exemple certains oiseaux des îles sensibles à certaines maladies), nous pouvons choisir de ne pas intervenir, notamment parce que, normalement, il serait difficile de résister à leur remplacement par les modèles « supérieurs » d'un point de vue évolutionniste (tels que les oiseaux résistants aux agents pathogènes). Je plaiderais personnellement en faveur de l'extinction des agents pathogènes humains les plus virulents.
Néanmoins, conserver autant d'espèces que possible est une démarche sensée. Puisque les descendants des espèces vivantes d'aujourd'hui continueront de comporter tous les futurs écosystèmes - formés quand les humains ou les processus planétaires produisent de nouvelles conditions - il y a un avantage clair à avoir plus de variétés de cette sorte. En effet, plus d'espèces fonctionnent comme des « pièces de rechange » pour l'environnement et la conservation représente une sorte de police d'assurance environnementale à long terme.
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Le transport des espèces dans de nouveaux écosystèmes reste plus controversé. Les jardiniers aiment peut-être planter des espèces exotiques dans leurs jardins, mais les communautés considèrent souvent les plantes « étrangères » qui commencent à se développer dans la campagne comme invasives - un écart dangereux par rapport au passé. Parfois, ces plantes sont trempées dans des herbicides, la plupart du temps en vain.
La résistance à de tels changements est si forte que le Royaume-Uni a attendu près de 1 000 ans avant de considérer une espèce comme le lapin, comme étant autochtone. En Australie, il y a un débat au sujet du dingo - introduit il y a des milliers d'années - pour savoir s'il doit être considéré comme autochtone.
Pourtant jusqu'ici, près de 2 000 espèces de plantes et animaux d'origine étrangère au Royaume-Uni n'ont directement causé l'extinction d'aucune espèce autochtone, certaines n'ayant causé que très peu de tort sinon aucun. En fait, l'importation et la diffusion d'espèces immigrées a augmenté la diversité biologique dans la plupart des régions du monde ces derniers siècles. Ces augmentations régionales - comprenant une augmentation de 20 % du nombre d'espèces de plantes sauvages qui poussent dans les pays européens et aux États-Unis, et un doublement des espèces de plantes dans l'archipel hawaïen et dans d'autres îles du Pacifique - pourraient être interprétées comme un développement positif.
Ceci étant donné - ainsi que l'aspect peu pratique de tenter de rapatrier la plupart des espèces étrangères - les nouveaux venus devraient être acceptés plus ou moins immédiatement. Cela semble certainement plus de raisonnable que de s'engager dans des débats longs de plusieurs millénaires à leur sujet, au nom de certaines versions idéalisées du monde naturel.
Il n'y a pas de retour possible, parce que les espèces entièrement nouvelles continuent d'apparaître, en particulier par l'hybridation des espèces transportées. De nouvelles plantes hybrides - telles que les spartinas et les mimules - ont évolué plutôt au Royaume-Uni au cours des trois derniers siècles qu'elles n'ont disparu dans toute l'Europe au cours de la même période (selon les chiffres existants). La situation est semblable en Amérique du Nord.
Cette évolution de nouvelles espèces associées à l'humain signifie que, dans l'ère Anthropocène, nous sommes effectivement des créateurs de la nouvelle diversité biologique aussi bien que des destructeurs de l'ancienne. Nous ne dépendons plus simplement de la planète : à présent, nous la modelons aussi bien.
Une fois ceci reconnu, nous devrions certainement résister aux changements qui sont sans équivoque « mauvais. » Mais quand il s'agit des changements biologiques qui permettront à certaines espèces de s'ajuster aux changements environnementaux - le processus par lequel les espèces ont toujours survécu - nous devrions adopter une approche plus tolérante et plus proactive.
Comme je le soutiens dans mon dernier livre Inheritors of the Earth: How Nature is Thriving in an Age of Extinction, nous vivons dans un nouveau « monde naturel. » Ce monde est toujours déterminé par le même dynamisme écologique et évolutionnaire. La différence est que ce dynamisme est à préesnt alimenté en grande partie par les activités d'une population humaine de 7,6 milliards d'individus (et ce chiffre continue d'augmenter). Les espèces vont entrer dans de nouveaux environnements créés par l'homme et vont évoluer à côté de nous. Nous devrions les laisser faire. Peut-être devrions-nous même les aider.